La création de nouvelles entités administratives, en ces temps d’austérité, est énigmatique.
Le gouvernement maintient, malgré l’austérité budgétaire, le calendrier relatif au découpage administratif décidé en Conseil des ministres au début de l’année en cours.
Ce nouveau découpage concernera les wilayas des Hauts-Plateaux à partir de
2016.
En tout, ce seront 13 wilayas qui verront naître des wilayas déléguées (une quinzaine probablement), lesquelles viendront s’ajouter à celles déjà créées cette année dans les wilayas du Grand Sud (dix wilayas déléguées), en plus de celles déjà existantes à Alger depuis plusieurs années.
L’opération devrait se poursuivre en 2017 et concernerait les wilayas du Nord, a confirmé le ministre de l’Intérieur. Au-delà de la nécessité, somme toute avérée d’un tel découpage, dans le but de décentraliser davantage l’administration et la rapprocher des citoyens, il y a lieu de se poser la question quant à l’urgence d’une telle opération, par ces temps de rétrécissement des ressources financières.
Si, pour le Grand Sud, l’opération se comprend, dans la mesure où les distances sont considérables entre les communes et le développement des infrastructures de base, notamment les routes, se fait sentir, la situation dans les Hauts-Plateaux et dans la Nord est différente.
La création de nouvelles wilayas déléguées suppose d’importantes dépenses, que ce soit pour le personnel à recruter pour gérer ces nouvelles entités, des édifices à construire et à équiper pour abriter les nouvelles structures (directions et sous-directions), un parc auto, des logements de fonction, des frais de gestion, des salaires, pour ne citer que ces frais inhérents au démarrage effectif de cette nouvelle organisation territoriale.
Au moment où le gouvernement tente de réduire au maximum les dépenses, en gelant de nombreux projets au niveau local, et même national, à commencer par le projet de réalisation de cinq grands hôpitaux, la création de nouvelles entités administratives, en ces temps d’austérité, est énigmatique, d’autant plus que, sur le plan local, la question de revoir à la baisse les projets de développement inscrits dans les différents plans de développement quinquennaux pose toujours problème.
Car, au-delà du fait que certains projets ne revêtent pas le caractère urgent ou d’utilité publique avérée, il y a lieu de mentionner que certaines wilayas ont été désavantagées par rapport à d’autres, depuis le lancement du premier plan quinquennal. Ce n’est pas seulement en termes de montants des enveloppes qui leur ont été allouées, mais surtout en termes de taux de réalisation des projets inscrits dans les trois plans quinquennaux.
Certaines wilayas n’ont même pas réussi à lancer des projets inscrits au premier plan quinquennal et qui, pourtant, demandent toujours davantage de projets à inscrire, sans jamais être sûres de les réaliser. En fait, le problème réside dans la capacité de chaque wilaya de réaliser ces projets.
Pour beaucoup d’entre elles, l’absence de bureaux d’études et surtout d’entreprises de réalisation hypothèquent sérieusement et durablement tout développement local, au point que, pour certains projets dits stratégiques, c’est le gouvernement qui intervient en faisant appel à de grandes entreprises nationales, généralement basées au Nord, et parfois aux entreprises
étrangères.