Nouveau gouvernement : Faut-il oublier le changement?

Nouveau gouvernement : Faut-il oublier le changement?

Les mêmes causes donnant les mêmes résultats, il est indéniable que le nouveau gouvernement, du moment qu’il reconduit moult ministres qui, disons-le ainsi, n’ont eu aucun résultat ou presque par le passé, il est évident que cela pose, dès le départ, le problème de l’efficacité de cette nouvelle-ancienne équipe. Certains commentaires sur la presse écrite et sur quelques sites ont souligné ce fait, à juste titre, alors que d’autres se sont plutôt interrogés sur la capacité de ce nouveau gouvernement à assurer le changement tant promis et tant attendu.

En fin de compte, ces deux attitudes se rejoignent bien lorsqu’on considère le problème sous l’angle de l’apprentissage. Toute entité intelligente qui s’aperçoit qu’elle ne peut pas atteindre ses objectifs commence par remettre en cause les moyens qu’elle a jusque-là utilisés et lorsqu’elle se rend compte que changer les moyens n’a pas permis de meilleurs résultats non plus, alors elle pense à changer de méthode ou, comme diraient d’autres, de stratégie.



Dans notre cas, malheureusement, on n’est même pas dans le premier cas.

Nombreux de ceux qui ont échoué ont été reconduits, tambour battant au-devant de la scène et zorna en arrière-plan. Nous n’avons rien contre les hommes en eux-mêmes, mais cela ne nous empêche pas pour autant de nous élever contre le recours aux incompétences car, et ceci tous les Algériens le savent, le mal qui ronge ce pays prend sa source à cette attitude incompréhensible qui veut que là-haut la compétence soit le dernier des soucis. Quel est donc ce ministre, parmi les reconduits, dont le passage à la tête d’un secteur aurait définitivement marqué celui-ci de par la stratégie choisie, les décisions prises, le courage manifesté, la compétence reconnue ou tout autre chose qui aurait survécu aux jours et aux hommes? Si nous remontons un peu dans le temps, nous trouverons bien des noms qui avaient fortement marqué par leur savoir, leur abnégation et leur personnalité les secteurs dont ils avaient eu la charge.

Smaïl Mahroug dans les finances, Ahmed Hamani dans les affaires religieuses, Belaïd Abdeslam dans l’industrie, pour ne citer que ceux-là, étaient tous des hommes aux principes, à la méthode et à la personnalité connue du fait de leur compétence. Aujourd’hui, malheureusement, on retient d’autres critères pour la nomination aux postes de hauts cadres de la nation, on se demande parfois si l’on sait ce que compétence veut dire.

Après avoir été un fleuron de l’économie sous Boumediene, l’industrie a été saccagée, ses entreprises bradées et ses cadres, pour beaucoup, emprisonnés. Ballotée entre la presbytie concernant ses résultats et la myopie quant à sa vision et son devenir, notre industrie a été traînée dans la boue malsaine des restructurations improvisées et des réformes ahurissantes. Nul n’a pu être le sauveur de ce secteur qui avait englouti pourtant, la sueur, le sang et les ressources des Algériens pour assurer le développement à leur pays.

Après avoir été rayonnante de par le savoir qu’elle dispensait et le sérieux qui la caractérisait, notre université a fait les frais d’un ballet inconscient d’incompétences avérées. Aujourd’hui, elle est la dernière de la classe, ignorée par tous, inconnue sans le rayon de l’innovation et de la science et incapable de sauver les procédures de son propre maintien. Normal, dirait-on, du moment que ceux qui s’étaient empressés de rentrer de l’étranger à l’époque pour faire le Service national avec fierté et apporter leur contribution au développement du pays, ont fini par prendre le chemin douloureux de l’exil.

Au Canada, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Malaisie, en Angleterre, dans les pays du Golfe, pour ne citer que ceux-là, les Algériens font les beaux jours des entreprises et des universités parce que chez eux, dans leur propre pays, ils ont été considérés inutiles et incapables. D’ailleurs, au ministère de l’Enseignement supérieur, quelqu’un avait dit un jour à propos de la lourdeur des équivalences des diplômes étrangers que l’on «ne reconnaît même pas Harvard». Mais, bien sûr mon frère, il ne faut pas reconnaître ce qu’on ne connait pas!!!

Pour revenir au nouveau gouvernement, on y note des revenants qui, eux non plus, n’avaient rien laissé derrière eux à part l’odeur de leur parfum préféré, dans le bureau qu’ils avaient occupé, avant qu’une autre odeur ne vînt la chasser. Ce qu’on nous propose, ce sont des Algériens certes, mais des Algériens sans compétences particulières et qui, en plus, ont échoué par le passé et peu importe que cela se fût passé il y a quelques semaines ou dix-neuf ans. Ce qu’il faut pour aboutir au changement, tant revendiqué aussi bien par le peuple que par la nature des choses, c’est faire appel à des Algériens compétents et qui n’ont pas échoué, du moins pas dans la mission de propulser leur secteur et de faire bouger les choses.

Nous le répétons volontiers, nous n’avons pas de problèmes avec les personnes en soi que nous ne connaissons même pas d’ailleurs, et nos propos ne concernent point les nouveaux arrivés, mais il est difficile d’être d’accord avec la démarche défaillante qui a déjà montré ses limites. Lorsqu’on voit ressortir du tiroir poussiéreux de la mémoire certains noms qui n’ont brillé par aucune compétence particulière, on est en droit de se demander si l’appel au changement est entendu comme il faut. Faut-il oublier le changement? Ce n’est pourtant pas ce qui était promis!