Les mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur comparution devant la 4e chambre d’accusation près le tribunal de Hussein-Dey.
Les scandales fonciers se suivent mais ne se ressemblent pas au vu des données et des mis en cause de plus en plus impliqués dans les affaires de trafic d’influence, d’usage de faux et d’atteinte aux biens de l’État.
En effet, la Brigade de recherches et d’investigations (BRI) de Chéraga, relevant de la section de recherches de la gendarmerie d’Alger, vient d’élucider une grosse affaire, qui s’apparentait, il y a quelque temps, à un véritable puzzle à l’exploitation agricole Abane-Ramdane de Bouzaréah, appelée également les Orangers.
Celle-ci, à l’origine un bien de l’État, était occupée par un ancien moudjahid qui voulait en faire, au début des années 2000, une coopérative immobilière au profit de ses pairs, à savoir les anciens combattants. Décédé en 2001 dans des circonstances jusque-là inconnues, selon les éléments de la BRI, son terrain fera vite l’objet de convoitise et l’initiative de créer une nouvelle cité tombe à l’eau.
En 2006, le beau-frère de président de l’Assemblée populaire communale de Bouzaréah lance un projet similaire avec de faux documents. La complicité du maire étant établie par les enquêteurs, celui-ci lui octroie, en 2008, un agrément aux dépens de la tutelle, à savoir le wali délégué de Bouzaréah qui n’était pas informé. Plus grave, les investigations de la BRI ont démontré que ce document totalement falsifié n’a pas été numéroté, alors que des pages entières ont été enlevées du registre des agréments.
Ledit agrément sera cinq mois plus tard annulé, mais les travaux ont été lancés et le terrain, d’une superficie de plus de 3,5 hectares est transformé en un véritable gruyère pour ainsi voir des constructions pousser comme des champignons.
Et ce sont 91 personnes qui sont directement ou indirectement impliquées dans ce nouveau scandale foncier qui éclate au grand jour, dont le maire, son beau-frère, le directeur technique et un géomètre en qualité d’expert en foncier.
Mais celui qui s’est distingué dans cette histoire, c’est le beau-frère du maire de Bouzaréah qui, malgré l’annulation de l’agrément, poursuivait son œuvre de “bâtisseur” puisque, selon les éléments de l’enquête de la BRI de Chéraga, des extensions, des ventes et des plans de modification ont été établis, à commencer par son imposante habitation.
Et l’insolite viendra puisqu’il ira jusqu’à collecter 150 millions de centimes auprès des acquéreurs pour constituer sa défense dans cette affaire ! Le reste des mis en cause, à savoir les 88 acquéreurs, sont pour la plupart des cadres de l’État et des cadres en retraite, eux aussi poursuivis pour atteinte aux biens de l’État, complicité et construction sans autorisation.
Quant aux principaux accusés, ils seront entendus à la 4e chambre d’accusation près le tribunal d’Hussein-Dey pour, notamment association de malfaiteurs, faux et usage de faux, imitation des sceaux de l’État, trafic d’influence et construction sans autorisation.
À l’heure actuelle, ce sont 91 personnes qui sont impliquées et placées sous contrôle judiciaire.
L’enquête déclenchée en décembre 2008 close, la BRI de Chéraga a transmis un dossier en béton à la justice qui devra statuer dans les tout prochains jours.
Farid Belgacem