Les derniers chamboulements opérés au sommet de la hiérarchie de Sonatrach, non divulgués jusque-là, semblent se préciser peu à peu.
En effet, l’éviction, dans un premier temps, du numéro 2 de Sonatrach, le vice-président Aval M. Remini Akli, poussé vers la porte de sortie par une mise à la retraite à l’âge de 67 ans, était le signe annonciateur d’une profonde remise en ordre des affaires du premier groupe pétrolier africain. L’optimisme affiché par ce responsable, distribuant des satisfecit par ci par la, notamment au staff du complexe de raffinage (RA1K) de Skikda et crédité d’une prétendue performance en matière de production au titre de l’année 2016, a eu l’effet inverse de l’objectif escompté et a entraîné des grincements de dents en haut lieu, dès lors que l’impact financier que devait générer ce gain en production n’a pas eu lieu. C’était là, à l’occasion de l’ultime apparition de M. Remini à la plateforme pétrochimique qu’il a quittée satisfait emportant dans «ses bagages» des statistiques tronquées au sujet de la production qu’il s’est empressé de rendre publiques. Mal lui en prit car «ses chiffres» seront contredits quelques jours plus tard par l’Agence internationale de l’Energie (AIE) et l’UE qui se fient à leurs propres chiffres. Cette discordance fait réagir le ministre de l’Energie M. Noureddine Boutarfa, qui décide de limoger M. Remini. Les représentants syndicaux de l’UGTA avaient boycotté La dernière visite de Remini à Skikda comme l’a confirmé dans un entretien M. Zaier Saïd, secrétaire UGTA de wilaya.
A son tour, bercé par l’euphorie créée par l’annonce des résultats de la production au titre de l’année 2016 communiqués par M. Remini, le PDG, M. Amine Mazouz, conforte ainsi les chiffres de son VP AVAL. Mais comme un cheveu dans la soupe, le dernier rapport publié par l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) en date du 6 mars 2017, a remis en cause les statistiques de Sonatrach en évoquant «une baisse de la production algérienne pour les années à venir qui passent de 1,14 million de barils par jour (mb/j) durant l’exercice en 2016 à 1,05 million de barils par jour pour les prévisions 2022».
D’autre part, le même organisme a reproché à Sonatrach «d’avoir pu, selon toute vraisemblance, triché sur les chiffres qui montrent en réalité une évolution négative de sa production, en dépit d’investissements lourds se chiffrant par dizaines de milliards de dollars». Cette mise au point a eu l’effet d’une douche froide et a précipité la chute de M. Amine Mazouzi, qui a été démis de ses fonctions, lors d’un conseil d’administration présidé par le ministre de l’Energie en personne. Il a été remplacé par le nouveau PDG, M. Abdelmoumen Ould Kaddour, un ancien cadre de Sonatrach, ex-manager à BRC.
Et l’on retiendra comme première mesure pour remettre de l’ordre, l’instruction donnée par le nouveau VP AVAL, M. Fettouhi Ahmed, qui a fait grand bruit au sein de la raffinerie de Skikda où les cadres l’ont accueillie avec satisfaction. Il s’agit de l’obligation de transmettre les résultats journaliers de la production dorénavant à partir de la salle de contrôle de la raffinerie de Skikda (Contrôle consol room-CCR-). Les ingénieurs de quart ont été responsabilisés pour veiller à communiquer impérativement les chiffres directement à la DG Sonatrach à Alger, en tenant simplement informée la direction du RA1K. Cette démarche devra permettre de disposer des chiffres réels de la production pour éviter tout amalgame. Une nouveauté qui a suscité l’adhésion des travailleurs satisfaits de la nouvelle stratégie qui aura l’avantage de barrer la route à toute tentative de récupération de leurs efforts collectifs. Il semble donc que la DG a voulu prendre ses distances par rapport aux chiffres fournis par les responsables actuels du complexe, dénotant l’embarras né de l’imbroglio qui a prévalu et qui a été à l’origine de la purge qui a touché des responsables de Sonatrach et qui ne semble pas encore terminée.
Pour le cas de la raffinerie de Skikda, le climat n’est pas au beau fixe ces derniers temps en raison d’un lancinant problème de manque de cadres. Certes, il y a eu le rappel d’un certain nombre de cadres retraités mais cela n’a résolu qu’en partie la pénurie de compétences, un problème qui a été corsé malheureusement par l’instauration d’un climat de peur et de suspicion au sein du collectif des travailleurs. Depuis quelque temps, c’est «une véritable chasse aux sorcières qui est menée contre des cadres et travailleurs, on est mis à l’index, nous accusant d’appartenir au clan du précédent directeur de la raffinerie parti à la retraite. On subit brimades et marginalisation au quotidien. Cela entraîne une démobilisation et prive la raffinerie d’un potentiel humain qualifié», ont déclaré les travailleurs et les cadres qui nous ont contacté.
Pourtant le VP AVAL M. Fettouhi, qui a effectué une visite à Skikda dès son installation, a été catégorique à ce sujet. Il a averti les responsables de la raffinerie qu’il faut s’éloigner de toute tentation de revanche ou intimidation des travailleurs. Il les a exhortés à privilégier les voies du dialogue et de la concertation pour l’instauration d’un climat de sérénité, plus propice au règlement des problèmes du complexe. Depuis, ces propos sont demeurés lettre morte, selon ces travailleurs qui espèrent voir une issue rapide à cet épineux problème.
A noter enfin que dans la journée d’hier, les cadres du service des finances de la raffinerie ont été dépêchés à la direction de Sonatrach pour remettre le bilan annuel, revu et corrigé, sur lequel ils ont planché durant tout le week-end dernier.