Les représentations diplomatiques des pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, le Canada, la France et la Suède s’invitent dans l’actualité nationale. Ces chancelleries semblent suivre de près l’évolution de la situation politique en Algérie. Même si ces activités ne s’apparentent pas à de l’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie, il est clair que les diplomates, en poste à Alger, tentent de transmettre une image la plus proche possible de la réalité à leurs gouvernements respectifs.
Les rencontres avec les minis-tres se font assez régulièrement, voire quasi quotidiennement. Il ne se passe pas un jour, sans qu’un communiqué vienne annoncer une rencontre entre un membre du gouvernement et un ambassadeur de pays occidental.
Les communiqués, souvent laconiques évoquent un secteur précis et soulignent la nécessité d’approfondir les relations. Il va sans dire que les ambassadeurs posent des questions sur la législation algérienne, le mode de fonctionnement de la République dans tel ou tel autre secteur. Ce sont autant d’éléments d’appréciation du fonctionnement de l’Etat, de ses priorités, de sa vision de la société qu’il est censé servir et des lourdeurs qui empêchent l’aboutissement de certains projets.
Des lourdeurs qui peuvent être simplement bureaucratiques ou d’une autre nature. Toujours est-il que nous assistons ces derniers mois à une véritable «auscultation» de l’Algérie.
Cette approche, faut-il le dire, méthodique, ne saurait être complète si le pouls de la classe politique n’est pas convenablement «tâté» par ces diplomates. Il est certain que les ambassadeurs ont leurs critères d’appréciation des discours des partis algériens.
Ces derniers sont contactés de manière insistante, voire systématique. L’objectif de la démarche: s’enquérir de la situation politique en Algérie. Les ambassadeurs poursuivent leurs tournées d’écoute chez les partis de l’opposition et ceux du pouvoir. Ce cycle de rendez-vous, cycliques avec les partis, intervient dans un contexte politique et économique très sensible.
L’ambassadrice du Canada à Alger, a été reçue avant-hier par le président du MSP.
Cette rencontre a été précédée par une autre tenue trois jours auparavant avec l’ambassadrice du Royaume de Suède en Algérie,
Mme Karin Wall. Selon le communiqué publié sur le site de cette formation, la réunion a porté entre autres sur «la vision politique du mouvement sur différentes questions locales et internationales».
La réunion a porté notamment sur les positions et les avis du mouvement sur des questions politiques et économiques. La secrétaire générale du PT, qui refusait de répondre aux sollicitations des chancelleries étrangères a reçu récemment l’ambassadrice de la Suède. Après avoir reçu Mme Joan A.Polaschik, ambassadrice des Etats-Unis, en septembre dernier, le président du Parti Talaie El Hourriyet a reçu jeudi dernier, au siège du parti, Mme Isabelle Roy, ambassadrice du Canada à Alger, à sa demande.
L’évaluation de la situation politique, économique et sociale que connaît le pays est sollicitée systématiquement par les ambassadeurs lors de leurs entretiens avec les chefs de partis politiques. Dans ce contexte, Ali Benflis s’est référé au plan de sortie de crise qu’il propose et qu’il a porté à la connaissance de l’opinion publique nationale.
L’organisation d’une élection présidentielle anticipée, la mise en place d’une instance indépendante et permanente pour la gestion des élections, l’élaboration de la Constitution consensuelle après l’élection de la nouvelle représentation politique nationale, sont entre autres, les revendications-phares de l’opposition.
De son côté Soufiane Djilali a reçu l’ambassadrice américaine, lundi dernier au siège de son parti. Pour rappel, dans son communiqué publié à l’issue de la rencontre avec l’ambassadrice américaine, au siège du parti à Alger, le MSP a indiqué que le but de la réunion était de s’informer des positions politique et économique du parti.
Ces «tournées» ont été précédées par une autre, effectuée en novembre par la délégation de l’Union européenne.
Cet intérêt soutenu pour l’Algérie tient au fait que le pays, considéré comme leader régional et bénéficiant d’une stabilité sans faille, dégage néanmoins une image assez parasitée par un discours de l’opposition et des ONG qui dépeignent l’Etat comme autoritaire. Les chancelleries ont vraisemblablement opté pour un travail de terrain, le plus profond possible.
Une «opération» qui intervient, faut-il le rappeler, dans un contexte de transition intergénérationnelle où l’on parle avec insistance d’une nouvelle Constitution et d’un Etat civil.
Certains y voient les germes d’une fragilisation, d’autres misent sur ces changements annoncés pour une consolidation de l’Etat. Entre les deux, les capitales occidentales veulent savoir ce qui se trame dans un pays qui cultive les contradictions.