Quelques mois seulement après avoir été parachuté à la tête du FLN, Mohamed Djemaï est déjà sur le départ. Le secrétaire général de l’ancien parti unique, largement décrié par les Algériens, fait face à une fronde interne. Il va bientôt céder son poste. Alors qu’il tente de replacer son parti dans le but de se faire accepter lors d’une éventuelle session de dialogue politique, le secrétaire général du FLN doit d’abord sauver son poste.
L’homme, qui a suscité des controverses pour, notamment, ses liens supposés avec les milieux de l’argent sale, fait face à une véritable fronde. En plus de cette image écornée, salée par des années de mélange entre l’argent et la politique, Mohamed Djemaï a provoqué la colère des cadres de son parti, il y a quelques jours.
Il a non seulement fait perdre au FLN la présidence de l’Assemblée populaire nationale (APN) au profit d’un député islamiste, Slimane Chenine, imposé par le nouveau pouvoir, mais il s’est aussi permis de rajouter des noms sur la liste des nouveaux membres du bureau politique après la fin de la réunion du comité central. Alors que la composante de cette instance doit être entérinée par le comité central, le secrétaire général a ajouté des noms après cette rencontre, sans consulter personne. Selon des sources internes au parti, cette décision est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
“Alors que nous faisons tout pour redonner une image acceptable au parti, Djemaï emploie les vieilles recettes”, indique un député très influent du FLN. Selon notre interlocuteur, “les jours de Djemaï sont désormais comptés” et son départ n’est qu’une “question de jours”. “S’il refuse de quitter son poste, nous allons initier une pétition pour tenir une session extraordinaire du comité central pour l’évincer”, indique-t-il. Outre ces errements organiques, le maintien de Mohamed Djemaï à la tête du FLN est devenu encombrant pour le nouveau pouvoir.
“Il est lâché en haut”, confie un connaisseur de la maison FLN. En effet, le député de Tébessa aurait été “imposé” comme secrétaire général du parti par le tandem Tayeb Louh et El-Ghali Beleksir, l’ancien chef de la gendarmerie. Mais le départ de ce dernier, qui se trouverait à l’étranger depuis son éviction en juillet dernier et les plaintes engagées contre l’ancien ministre de la Justice, mettent le responsable du FLN dans une situation précaire.
“Il n’a plus de protection”, assure un proche de l’homme d’affaires devenu député depuis 2002. Selon d’autres sources, le FLN aura bientôt un nouveau visage. Quelques mois après avoir imposé Mohamed Djemaï comme secrétaire général (les membres du comité central ont été instruits, par téléphone, par un responsable sécuritaire de voter en sa faveur), le pouvoir se rend compte qu’il a commis une grave erreur de casting. “Les vrais militants ne souhaitent pas que le parti soit représenté au dialogue par une tête comme celle de Djemaï”, indique un cadre, furieux.
“Il est temps que ce parti change s’il veut survivre”, a-t-il ajouté. Pour tenter de s’accrocher à son poste, Mohamed Djemaï a pondu, hier, en fin de journée, un communiqué. Il assure que même s’il est exclu du dialogue, son parti ne “bloquera pas l’APN”. En attendant que l’Assemblée reprenne ses activités début septembre (l’APN est paralysée depuis mars dernier), la direction du FLN tentera de se donner un nouveau visage.
Ali Boukhlef