A quoi joue le gouvernement Bedoui en allant se frotter à un secteur aussi névralgique que stratégique qui est celui des hydrocarbures, en peaufinant une nouvelle loi pour la faire adopter au niveau du Parlement ?
Consacré comme un gouvernement transitoire devant gérer uniquement les affaires courantes des différents départements ministériels en attendant les prochaines élections présidentielles et la formation d’un véritable gouvernement légitime, voilà qu’il fait sortir de son chapeau cette nouvelle loi dans le sillage de la loi de Finances 2020 que les Algériens ont rejeté en bloc lors de la 34e marche de vendredi.
Cela dit, et en ce qui concerne cette fameuse loi, le gouvernement veut faire croire et affirme qu’elle a pour but d’attirer plus d’opérateurs étrangers en leur proposant surtout de nouvelles conditions, particulièrement une réduction du nombre de contrats et aussi une diminution fiscale, c’est-à-dire ces multinationales vont payer moins d’impôts.
Dans la foulée, l’on se rappelle la controversée loi sur les hydrocarbures concoctée par l’ex-ministre de l’Énergie, Chakib Khalil, qui avait été adoptée par les deux chambres à main levée et qui sera par la suite annulée par l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika. Quelle est donc cette obsession à vouloir toujours donner plus aux compagnies pétrolières étrangères ?
En effet , depuis la fin des années 1980, l’Algérie s’est éloignée inéluctablement de son idéal pétrolier adopté avec la nationalisation des hydrocarbures à la date historique du 24 février 1971, et il se trouve qu’à chaque fois qu’une loi est promulguée ou une réforme est mise à jour, on redonne un peu plus de ce qui avait été soustrait jadis aux sociétés pétrolières étrangères, ce qui fait que les règles des concessions ou les contrats de partage de production entre la Sonatrach et les autres compagnies pétrolières se trouvent être de farouches dispositifs pour contourner les grands fondements de souveraineté nationale.
Depuis toujours, l’objectif de certains pays européens était de convaincre l’Algérie à privatiser la Sonatrach; il faut reconnaitre que cet objectif est toujours d’actualité, etseul l’abandon du monopole étatique sur ses hydrocarbures garantira l’approvisionnement à long terme de ces pays. Seulement, en optant pour des concessions à long terme pour ces compagnies pétrolières, c’est hypothéquer d’une autre façon le futur énergétique du pays et par ricochet celui des générations futures. Alors, les Algériens sont en droit de se demander pourquoi ceux qui parlent sans cesse de souveraineté nationale sont les mêmes qui arrangent dans l’opacité des transferts de souveraineté dans des conditions pour le moins douteuses.
En tout cas il ne faut pas perdre de vue que le pétrole et le gaz sont la propriété du peuple algérien, et il impératif d’organiser un débat national sur ce sujet hautement sensible pour trancher. Le gouvernement Bedoui a dépassé les « plates-bandes » dans lesquelles il a été assigné. Cette tentation de vouloir imposer cette nouvelle loi n’aura pas lieu. Les Algériens ont dit non !
Mâalem Abdelyakine