Nouvelle mobilisation attendue pour le 38e vendredi : Le souffle de Novembre toujours aussi fort ?

Nouvelle mobilisation attendue pour le 38e vendredi : Le souffle de Novembre toujours aussi fort ?

La marche de demain intervient dans un contexte marqué par de nombreux événements qui sont de nature à galvaniser la mobilisation.

Une question que d’aucuns se posent : le formidable souffle révolutionnaire qui a marqué l’historique jour de vendredi dernier à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du déclenchement de la Révolution, marqué par d’imposantes marches populaires à travers plusieurs wilayas du pays, particulièrement à Alger, pourrait-il être reproduit demain à l’occasion de la 38e marche ? Si, a priori, rien ne permet de se hasarder à quelques pronostics, il reste que la mobilisation populaire, dont le regain de vigueur n’a pas été démenti depuis la rentrée sociale, se raffermit à mesure qu’approche la date fatidique du 12 décembre prochain et que persiste l’obstination du pouvoir à faire la sourde oreille aux aspirations populaires.

Comme pour les nombreux précédents vendredis, la marche de demain intervient dans un contexte marqué par plusieurs événements qui sont de nature à galvaniser la mobilisation. Il y a d’abord la grève des magistrats. Inédite, l’action des juges, quand bien même elle aurait suscité des avis partagés au sein de l’opinion, a été perçue toutefois comme un renfort de choix au hirak, d’autant que la principale revendication avancée portait sur l’indépendance de la justice, une des réclamations phare du mouvement.

Les étudiants, sortis en masse mardi dans plusieurs villes du pays, n’ont d’ailleurs pas manqué de scander des slogans favorables à ce corps, pilier d’un État de droit, et de dénoncer l’humiliation qu’il a subie à la cour d’Oran. Mais le revirement spectaculaire des magistrats, qui ont décidé de suspendre leur mouvement, sans convaincre avec les arguments avancés justifiant l’arrêt de leur action, pourrait jouer, même à la marge, dans la mobilisation, en raison de la déception provoquée, si l’on se fie aux multiples commentaires sur les réseaux sociaux.

Ensuite, il y a cette annonce de la liste des candidats à la magistrature suprême, composée essentiellement de figures ayant servi le système ; cette annonce semble avoir fait l’effet d’un affront, d’autant qu’elle intervenait au lendemain de massives manifestations à travers de nombreuses wilayas du pays. Signe du désaveu : Ali Benflis a été pris à partie à sa sortie d’un restaurant à Baba Hassan, comme l’a relayé une vidéo postée sur les réseaux sociaux, tandis que le représentant du candidat “indépendant”, Abdelmadjid Tebboune, a été “chassé” par les citoyens à Annaba.

Enfin, il y a l’hospitalisation de celui qui passe pour l’icône du mouvement en cours, le moudjahid Lakhdar Bouregâa. Adulé et respecté, ce dernier est omniprésent dans toutes les marches à travers ses nombreux portraits brandis par les manifestants. Et ses propos que relaient ses avocats font souvent le “buzz” sur les réseaux sociaux.

Mais, comme souvent depuis plusieurs mois maintenant, ce sont les étudiants qui donnent le “la” à la mobilisation. Ce mardi, ils étaient plusieurs milliers à battre le pavé pour réitérer leur rejet de l’élection. Quand bien même elle ne serait peut-être pas du même niveau de mobilisation que vendredi dernier pour la forte teneur symbolique du 1er Novembre, la marche de demain ne s’annonce pas moins importante.

Karim Kebir