Par Adlène Badis
La crise politique devrait prendre une nouvelle allure dans les prochaines semaines. Aujourd’hui que l’option du 4 juillet est définitivement morte et enterrée, les Algériens sont en attente d’une résolution rapide d’une crise qui s’est installée résolument depuis le 22 février et qui ne donne pas de signes d’un proche dénouement.
Entre l’exigence d’un retour vers un processus électoral sur la base d’une authentique évolution et le souci de contrôle du pouvoir, l’impasse perdure.
La recherche d’un consensus sera sans nul doute la mission la plus cruciale dans les prochaines semaines. Il est indéniable que les initiatives et autres propositions ne sont pas pour manquer. Parmi les plus récents et évoquant l’éventualité d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali a recommandé une commission formée de personnalités «au-dessus de tous soupçons et qui soit mandatée pour mener les discussions avec les différents partenaires du mouvement populaire.
Pour apporter le crédit et la garantie de la mise en œuvre des conclusions de ce présumé dialogue, des représentants de l’institution militaire devraient en faire partie». Soufiane Djilali estimera que les négociations «devraient concerner la loi électorale, la loi sur les partis politiques et les associations ainsi que celle régissant les médias». Pour l’avocat et militant politique Mokrane Aït Larbi, le plan de sortie de crise devrait passer par une transition «en deux phases» : désignation d’une présidence collégiale puis élection d’une Assemblée constituante. La première phase : désignation d’une présidence collégiale «de 3 à 5 personnalités indépendantes, consensuelles, réputées intègres et crédibles».
Il appartiendra ensuite «au peuple souverain d’exprimer son approbation par un carton vert, ou son rejet par un carton rouge, lors des marches du vendredi, qui ont valeur de référendum».
L’Association des oulémas algériens propose de son côté une période de transition devant être limitée et aura à répondre aux revendications populaires en engageant la rupture avec le passé. Durant cette période, un gouvernement de compétences nationales et une instance d’organisation des élections ayant une crédibilité doivent être désignés. «Après, l’élection d’un nouveau président de la République aura toute la confiance du peuple», soulignera son président Abderrazak Guessoum.
Quel cadre du dialogue ?
En face, le pouvoir, qui évoque de la manière la plus franche le dialogue sans en expliciter les modalités et le champ, se trouve de nouveau dans l’obligation de proposer une formule de discussion.
Cette dernière devrait contenir un minimum de garanties sans lesquelles elle risque de subir la même finalité que celle proposée par le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah au début de son intronisation.
L’institution militaire par l’entremise du chef d’état-major a appelé à la nécessité du dialogue pour sortir rapidement d’un blocage politique devenu périlleux pour le pays. Cependant, il demeure en effet patent de constater une difficulté à s’assoir autour d’une table et discuter des modalités les plus consensuelles pour sortir d’une crise inédite et surtout de convenir d’un cadre d’avenir. La question de la confiance constitue en effet l’écueil principal empêchant tout rapprochement.
Après une vingtaine d’années du pouvoir de Bouteflika, il reste en effet extrêmement difficile pour le pouvoir d’être convaincant face à un mouvement populaire massif qui revendique la rupture avec l’ancien système. Dans les semaines à venir trouver un terrain de jonction entre les représentations du peuple, à savoir les partis politiques et les personnalités du Hirak, avec les délégués de l’Etat constituera sans nul doute le principal défi qui attend les Algériens.<