Nouvelle tempête autour de «L’Algérie juive» : les Éditions Frantz Fanon sous scellés

Nouvelle tempête autour de «L’Algérie juive» : les Éditions Frantz Fanon sous scellés

Les Éditions Frantz Fanon, une maison d’édition algérienne reconnue pour son dynamisme et son engagement en faveur de la littérature nationale, ont été frappées d’une mesure de fermeture administrative pour une durée de six mois. 

Un scellé apposé par la wilaya de Boumerdès depuis le 14 janvier 2025 interdit l’accès au siège de l’entreprise. Cette décision a été justifiée par « l’édition d’un livre dont le contenu porte atteinte à la sécurité et à l’ordre public. Ainsi qu’à l’identité nationale et colporte un discours de haine ».

Le livre incriminé, « L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu », est l’œuvre de l’écrivaine algérienne Hédia Bensahli. Cet ouvrage, qui explore la présence juive en Algérie, a suscité une vive polémique ces derniers mois.

Interdit de vente, de dédicaces et de participation aux salons du livre, il a également valu à son éditeur, les Éditions Frantz Fanon, d’être poursuivi en justice. Le responsable de la maison d’édition est déjà sous contrôle judiciaire pour les mêmes motifs. Ce qui rend la décision administrative de fermeture d’autant plus contestable.

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Les Éditions Frantz Fanon dénoncent une entrave à la loi algérienne

En effet, sur sa page Facebook, la maison d’édition Frantz Fanon a souligné qu’un principe de droit universel interdit de poursuivre ou de sanctionner deux fois une même personne, physique ou morale, pour un même motif. De plus, la loi algérienne stipule que seule la justice est habilitée à statuer sur le contenu d’un livre.

L’article 118 du code pénal précise même qu’aucune autorité administrative ne peut empiéter sur une affaire relevant de la justice. Cela dit, les responsables de la wilaya de Boumerdès semblent interférer dans une affaire judiciaire en cours d’instruction. Ce qui constitue une violation de la loi en vigueur.

Cette situation n’est pas sans rappeler un récent épisode survenu à Tizi-Ouzou. Où la célèbre librairie Cheikh Multilivres avait été mise sous scellés en décembre 2024. Les autorités locales avaient justifié cette fermeture par un « manquement administratif ». Reprochant au propriétaire de ne pas avoir mentionné les ventes dédicaces sur son registre de commerce.

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Une exigence qui, selon M. Omar Chikh, le propriétaire de la librairie, ne figure pas dans les critères du Centre national du registre de commerce. De plus, il n’est appliquée à aucune autre librairie en Algérie. Toutefois, face à la mobilisation des élus de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi-Ouzou et à un vaste mouvement d’indignation sur les réseaux sociaux, les scellés avaient finalement été levés après quelques jours.

Ainsi, la fermeture de la maison d’édition Frantz Fanon, bien que temporaire (6 mois), est jugée « incompréhensible et illégale ». Dans leur communiqué, les éditions rappellent que leur mission est de « donner une voix à ceux qui en sont privés et de contribuer à l’enrichissement de notre patrimoine culturel ».

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