L’affaire des pressions exercées sur les juges par des cercles influents de l’époque du président déchu Abdelaziz Bouteflika continue de livrer ses secrets.
L’un des dossiers les plus importants n’est autre que celui l’ancienne présidente de la chambre commerciale près la Cour de Boumerdès répondant aux initiales S.S, dont l’instruction est en cours.
Cette dernière avait subi d’énormes pressions en voulant appliquer la loi, dans deux affaires qui impliquent l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb et l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout.
Selon des sources bien au fait du dossier, rapportées ce dimanche par le quotidien arabophone El Khabar, la première affaire est liée à un conflit opposant l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb en sa qualité de gérant d’une entreprise et une banque publique.
Affaire de Abdeslam Bouchouareb
La banque en question avait porté plainte contre lui auprès du tribunal de Rouiba afin de restituer une somme d’argent perçue par l’ancien ministre. Ce même tribunal avait alors tranché en sa faveur. Suite de quoi, la Banque avait déposé une cassation auprès de la Cour de Boumerdès.
Et c’est ici qu’a commencé la mésaventure de l’ancienne présidente de la chambre commerciale près la Cour de Boumerdès, qui avait subi des pressions de la part du président de cette Cour, afin de trancher en la faveur de Bouchouareb.
Selon le même journal, ce dernier menaçait la magistrate de la transférer vers une autre wilaya. « Tu veux finir à Tamanrasset ? », lui a signifié son responsable. Une menace qui a été très répondue dans les institutions étatiques. Malgré ces pressions, la juge n’a pas cédé aux menaces, en prononçant le jugement obligeant Bouchaoureb de restituer la somme de 25 millions de dinars.
Affaire de Mahieddine Tahkout
S’agissant de l’affaire de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, la présidente de la chambre commerciale près la Cour de Boumerdès avait subi des pressions dans deux dossiers, où il sera comparu en tant que témoins.
La première affaire concerne le refus de l’homme d’affaires de s’acquitter des frais de location d’un terrain à la société nationale des véhicules industriels (SNVI). Il voulait, selon la même source, garder ce terrain, malgré la décision de la chambre commerciale l’obligeant à s’acquitter des frais de location.
Pour ce qui est de la deuxième affaire, il s’agit du refus du même homme d’affaires de payer les pièces de rechange fournies par société nationale des véhicules industriels (SNVI). Selon la juge, constituée en tant que partie civile, c’est le procureur général près la Cour de Boumerdès (une femme) qui avait exercé des pressions sur elle pour trancher en faveur de Tahkout.
Dans ses menaces, ce procureur général cite des instructions de la présidence de la république et du ministère de la Justice, en insinuant à la juge qu’il s’agit d’une affaire qui relève du ressort du Premier ministre lui-même.
Malgré ces pressions, la juge avait tranché conformément à la loi. Les sanctions commencent alors à pleuvoir sur elle, en la transférant à la Cour de Ain Defla comme conseillère à la chambre d’accusation.