En réponse à la décision de la justice française suite à la détention d’un agent consulaire algérien, Alger soupçonne l’implication du ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, et a ordonné à douze agents consulaires de quitter son territoire.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, mis en ligne dans la soirée du lundi 14 avril 2025, l’Algérie a décidé souverainement de déclarer persona non grata douze agents exerçant auprès de l’ambassade et des consulats de France en Algérie, relevant de la tutelle du ministère de l’Intérieur français.
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Nouvelle escalade entre Paris et Alger : Retailleau pointé du doigt
Alger a donné un délai de 48 heures à ces agents français pour quitter le territoire national, indique lundi un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Une décision, selon la même source, qui fait suite à « l’arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique, par les services sous tutelle du ministère de l’Intérieur français d’un agent consulaire d’un État souverain accrédité en France« .
Par ailleurs, le MAE pointe du doigt l’intention de Bruno Retailleau de vouloir « rabaisser l’Algérie« et rappelle que ce procédé « s’est fait sans aucune considération du statut consulaire de cet agent, en faisant fi de tous les usages et pratiques diplomatiques et en flagrante violation des conventions et traités pertinents en la matière« .
Le MAE rappelle que cet acte « indigne » est la conséquence directe de l’attitude constamment négative et regrettable du ministre de l’Intérieur français envers l’Algérie. Il affirme que Retailleau porte « la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l’Algérie et la France au moment où celles-ci venaient d’entamer une phase de décrispation à la faveur de l’entretien téléphonique« , entre les présidents algériens et français.
Pour conclure son communiqué, l’Algérie assure que « toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l’Intérieur français recevra, sur la base de réciprocité, une réponse ferme et adéquate« .
Paris prend la défense de Bruno Retailleau
La réponse de la France ne s’est pas faite attendre face à la fermeté de l’Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est adressé à la presse ce mardi 15 avril, pour défendre son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
« Bruno Retailleau n’a rien à voir avec cette affaire judiciaire (…) La justice est indépendante, c’est une procédure qui a été engagée depuis des mois et qui n’a rien à voir avec le dialogue diplomatique que nous avons réinitié en mars avec les autorités algériennes » a-t-il avancé.
Rappelons, suite à la première réponse de l’Algérie sur l’affaire d’Amir DZ, Jean-Noël Barrot a appelé les autorités algériennes « à revenir sur leur décision qui doit être effective dans les heures à venir mardi« . Le ministre français des Affaires étrangères menace, dans ce sillage, de riposter : « Si les autorités algériennes persistent, si elles font le choix de l’escalade, eh bien, nous répondrons avec la plus grande fermeté (…) Nous avons toujours dit que nous voulions revenir à des relations normales, que nous voulions sortir des tensions parce qu’elles ne sont ni dans l’intérêt de la France, ni dans l’intérêt des Français, mais c’est évidemment à l’Algérie aujourd’hui de prendre ses dispositions » a-t-il poursuivi.
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