Une atmosphère marquée par de vives tensions, évolue entre le Ministère de l’Industrie Pharmaceutique et le laboratoire danois Novo Nordisk Algérie, concernant la production de l’insuline en Algérie et sa disponibilité sur le marché. Le Ministère de Lotfi Benbahmed a réagi aux déclarations du laboratoire et a apporté des précisions relatives à ce sujet.
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction ce mercredi 4 mai, le Ministère de l’Industrie Pharmaceutique a affirmé « œuvrer au développement de l’industrie pharmaceutique, à la régulation de la disponibilité et la qualité des produits pharmaceutique. Et ce, conformément à ses attributions, et en application du programme du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et du plan d’action gouvernemental ».
Pour mener à bien ses missions, le département du Ministre Lotfi Benbahmed s’appuie sur ses organes, « notamment l’Inspection Générale et les différentes directions de l’administration centrale en charge de la production, de la régulation, de la veille stratégique et de la numérisation », mais aussi « sur les outils mis en place dans le cadre du suivi de la disponibilité, notamment l’Observatoire National de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques et la plateforme numérique pour le suivi des programmes prévisionnels d’importation avec agendas de livraison », a souligné le même communiqué.
En mettant en avant ses organes et ses outils, le Ministère de Benbahmed a maintenu ses accusations à l’encontre du laboratoire danois Novo Nordisk Algérie et a affirmé que ses communications « ne sauraient être définies « d’allégations » par une partie de surcroît déclarée défaillante à de multiples niveaux ». Et ce, en réponse au laboratoire qui avait, rappelons-le, vivement contesté les accusations du Ministère de l’Industrie Pharmaceutique, soulignant qu’il s’agit de simples allégations.
D’ailleurs, le Ministère de l’Industrie Pharmaceutique a pointé du doigt le laboratoire danois, révélant plusieurs défaillances à l’instar de « la mise en demeure notifiée par l’Inspection Générale en date du 31 janvier 2022 suite à la rétention d’insuline, les multiples convocations de la Direction technique de Novo Nordisk par la Direction de la régulation et la Direction de la veille stratégique, les nombreux procès-verbaux de l’Observatoire National sur la disponibilité sur le marché, ou encore les dénonciations officielles de l’Association des Distributeurs Pharmaceutique ADPHA auprès du Ministère, concernant la vente concomitante systématique pratiquée par les services commerciaux dudit laboratoire ».
Le Ministère de Benbahmed fustige Novo Nordisk Algérie
Le communiqué du Ministère de l’Industrie Pharmaceutique est également revenu sur le projet de production d’insuline en Algérie, accordé au laboratoire danois Novo Nordisk Algérie, soulignant que ce dernier « avait été interdit d’importation entre 2001 et 2003 pour n’avoir pas respecté ses engagements en termes de production d’insuline en Algérie ».
« En 2012, Novo Nordisk signe un contrat avec Saidal pour produire les insulines Novo Nordisk dans l’unité ou Saidal produit de l’insuline (INSUDAL) en flacons depuis 2006. Non seulement plus aucune production d’insuline ne sera réalisée sur ce site, mais Novo Nordisk reprendra le marché PCH de Saidal par de l’importation… En 2019, de nouveau, un mémorandum d’entente est signé pour une Joint-Venture Novo Nordisk/Saidal pour une unité de production d’insuline à Boufarik 2022 : plus de 23 ans après ses premiers engagements, aucune production d’insuline n’a été réalisée par Novo Nordisk en Algérie », a encore révélé le Ministère de Benbahmed.
En effet, le Ministère de l’Industrie Pharmaceutique a rappelé que le gouvernement « avait mis en place toutes les conditions pour la réussite de ce projet, notamment en accordant, en concession, au laboratoire danois un terrain à Boufarik où ce dernier n’a réalisé qu’une unité de montage de stylos servant à injecter l’insuline ». « Le comble c’est que désormais Novo Nordisk présentera ce terrain concédé par l’État algérien comme un apport pour valoriser ses parts dans le cadre de la future association avec l’entreprise publique Saidal », a souligné la même source.
Enfin, le département du Ministre Benbahmed a précisé que « tous ces dépassements et incohérences du laboratoire Novo Nordisk avaient été relevés et opposés officiellement lors de réunion, et ce, en présence de Saidal », notant que « le laboratoire danois « ne peut en aucun cas déclarer sa stupéfaction » suite aux récentes révélations du Ministère.
« De plus, il lui a été exigé d’approvisionner plus régulièrement le marché en application de son programme d’importation, d’instruire ses services commerciaux à l’effet d’interdire ces pratiques de vente concomitantes et de rétention de produits et de clairement se déterminer sur sa volonté d’adhérer à la politique pharmaceutique nationale, notamment à travers une Joint-Venture équilibrée avec Saidal », a conclu le communiqué du Ministère.
Novo Nordisk Algérie répond au Ministère
Dans ce même sillage, il convient de rappeler que le laboratoire danois Novo Nordisk Algérie avait réagi, vendredi dernier, aux accusations du Ministre de l’Industrie Pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, en qualifiant ses propos « d’allégations ». « Nous contestons vivement l’intégralité de ces allégations », avait affirmé le laboratoire danois dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
« Novo Nordisk est présent en Algérie depuis 86 ans et ne cesse de développer ses investissements, notamment industriels, avec deux sites de production. À cet égard, l’Algérie est l’un des rares pays dans le monde à bénéficier d’un tel transfert de production de notre groupe », avait indiqué Novo Nordisk Algérie, notant qu’ « aucun compromis sur la qualité, l’utilisation et la promotion éthique de ses produits n’était autorisé ».
Une réaction qui intervient suite aux déclarations du Ministre Lotfi Benbahmed, qui avait accusé le laboratoire danois de vouloir créer des tensions au sein du marché algérien pour exercer un certain lobbying ainsi que des pressions sur le gouvernement algérien. « Ils vont chez les médecins dans le but d’effrayer les malades. Ils leur font croire qu’il y aura des perturbations sur le marché et qu’ils ne pourront plus trouver leurs médicaments », avait lancé le Ministre Benbahmed.