POLEMIQUE – D’après la presse américaine, le montant de cette tournée pourrait s’élever à « 100 millions de dollars ».
La polémique. Barack Obama entame mercredi une tournée en Afrique d’une semaine. C’est là le premier voyage d’envergure du président américain sur ce continent. Mais ce périple qui l’emmènera au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie fait polémique outre-Atlantique : la presse américaine a en effet révélé que ce voyage de huit jours pourrait coûter aux contribuables américains la somme astronomique de 100 millions de dollars. Alors que Washington subit de plein fouet une cure d’austérité « automatique », ces révélations sèment le trouble et posent question.
Un tournée à « 100 millions de dollars », vraiment ? LeWashington Post, qui est à l’origine des révélations, dit s’appuyer sur un document confidentiel du Secret Service, la police d’élite protégeant le président et sa famille. Le quotidien affirme en avoir eu connaissance par « une personne préoccupée du montant des ressources nécessaires pour ce voyage ». Selon le document en question, la tournée de Barack Obama en Afrique « pourrait coûter à l’Etat fédéral entre 60 et 100 millions de dollars ». Une projection qui ne s’appuie pas sur une facture clairement chiffrée mais plutôt sur un calcul basé sur des voyages récents de même nature. Sans rien confirmé, un conseiller du président, Ben Rhodes, a semblé accréditer un tel montant en arguant, face aux critiques, que le président américain n’allait pas ignorer un continent pour des raisons financières.
Qu’est-ce qui coûte si cher ? Le dispositif logistique prévu par Washington pour la tournée de Barack Obama est impressionnant : leGuardian parle carrément d’ »une ville en kit » qui se placera sur le continent africain. « Des centaines d’agents du Secret Service » seront notamment déployés lors de cette tournée. D’après le Washington Post, qui se fie au document du Secret Service, pas moins de 56 voitures, dont 14 limousines, devront aussi être transportées par avion cargo depuis les Etats-Unis. Des feuilles de verre blindé sont aussi prévues pour renforcer les fenêtres des hôtels où les Obama séjourneront En outre, « des avions de chasse vont se relayer dans le ciel 24 heures sur 24 pour assurer la couverture de l’espace aérien au-dessus du président, afin de pouvoir intervenir rapidement si un avion s’approche trop », affirme le quotidien. Par ailleurs, « un porte-avions ou un navire amphibie avec une unité médicale d’urgence complète sera ancré au large » des pays concernés.
Les infrastructures africaines en cause ? C’est ce qui ressort, en creux, de ces révélations : les infrastructures et les forces de sécurité des pays africains visités ne sont pas au niveau souhaité par les autorités américaines. Pour y pallier, les Etats-Unis ont fait le choix d’emmener « une ville en kit » plutôt que de s’appuyer sur la police, les hôpitaux et les autres infrastructures locales.
Le safari annulé : un geste avant tout symbolique ? Après les révélations du Washington Post sur le coût du voyage, la Maison Blanche a annulé le safari prévu pour les Obama dans le parc national de Mikumi, en Tanzanie. Le document initial du Secret Service prévoyait que le couple présidentiel passerait deux heures et demie dans ce sanctuaire. Mais l’activité aurait rendu nécessaire « d’équiper les commandos protégeant le président de fusils de tireur d’élite et de gros calibre pour neutraliser les guépards, les lions et d’autres animaux représentant une menace potentielle », selon le Washington Post. Barack Obama et son épouse se rendront, à la place, à Robben Island, l’île où fut emprisonné Nelson Mandela. L’annulation du safari semble donc autant due à des raisons de sécurité qu’à un coût finalement jugé superflu, mais forcément peu significatif au vu du coût global de100 millions de dollars.
Une tournée plus fastueuse que celle de ses prédécesseurs ? La plupart des détails relatifs aux tournées des présidents américains à l’étranger sont classés « secret Défense » et le coût global est rarement dévoilé. Un rapport gouvernemental a toutefois rendu public le montant de la tournée de Bill Clinton dans six pays africains en 1998. La facture se serait alors élevée à 42.7 millions de dollars. Un montant avant tout dédié aux dépenses militaires… et qui ne prend pas en compte les dépenses des services secrets qui restent, elles, classifiées.