Obama face à ses banques

Obama face à ses banques

Les banques qui ont reçu de l’argent public lorsqu’elles étaient en grande difficulté devraient se montrer moins ingrates et prêter davantage aux petites entreprises qui en ont besoin, a estimé samedi le président américain Barack Obama.

Dans son intervention hebdomadaire, diffusée à la radio et sur internet, il a reproché aux banques de ne pas jouer le jeu, leur rappelant que le gouvernement les avait aidées afin qu’elles puissent à leur tour soutenir les entrepreneurs. «Ce sont ces mêmes contribuables qui ont soutenu les banques américaines pendant la crise.

Il est temps maintenant que nos banques soutiennent les petites entreprises solvables et leur accordent les prêts dont elles ont besoin pour ouvrir, se développer et créer de nouveaux emplois», a plaidé Barack Obama.

On ne sait pas vraiment si, en quêtant ce quelque peu pathétique «retour d’ascenseur, le nouveau président des Etats-Unis fait de l’économie ou du social, mais on sait au moins que l’argent public versé aux banques était destiné à juguler une crise beaucoup plus vaste et profonde plutôt qu’à revenir aussi rapidement – sur injonction politique qui plus est- à des clients qui ne comptaient pas parmi ceux dont les société financières américaines apprécient particulièrement le partenariat.

Et quand Barack Obama attend de ses banques qu’elles «assument leurs responsabilités afin de garantir une reprise plus large, un système plus sûr et une prospérité partagée plus largement», cela devient plus édifiant : il leur demande de renoncer tout simplement aux fondements du système qui a conduit à la crise après avoir poussé les inégalités jusqu’au paroxysme.

Avec toutefois le risque d’un retour de manivelle dirigiste dont on semble emprunter quelques vertus pour les années troubles sans vraiment en faire une option de développement stratégique.

Parce qu’à bien y regarder, si les petites entreprises comme le rappelle Obama ont créé les deux tiers des emplois de ces 15 dernières années, elles n’ont pas pour autant été au centre des préoccupations des pouvoirs américains dont la finance est l’unique religion depuis longtemps.

Le président français Nicolas Sarkozy a lui aussi donné de l’argent aux banques, mais il a procédé avec une autre logique. Il faut sauver les banques, pas en attendant le fameux retour d’ascenseur mais en faisant du business avec elles, c’est-à-dire en leur prêtant, avec intérêt.

Et les premiers résultats ne se sont pas fait attendre puisque certaines banques sont déjà en train de rembourser et le trésor français y a déjà gagné.

Entre Obama qui veut «prendre des mesures» socialisantes pour obliger les banques à assumer leurs responsabilités et Sarkozy qui veut seulement «moraliser le capitalisme», les grandes tendances à venir en matière d’options stratégiques sont peut- être en train de s’esquisser. Sauf que l’un comme l’autre n’ont pas tout à fait gagné la bataille interne. Le premier encore moins que le second.

Slimane Laouari