Le commerce informel en Algérie vit des heures décisives. Depuis quelques jours, les autorités multiplient les raids dans les magasins, salons de beauté et entrepôts, traquant sans relâche les produits importés illégalement via le système du « cabas ».
Chocolats, produits cosmétiques, boissons énergisantes… de multiples articles, introduits en dehors des circuits légaux, échappent à tout contrôle fiscal et sanitaire, représentant un manque à gagner colossal pour l’État et un risque pour les consommateurs.
Dans plusieurs wilayas, les équipes de contrôle, appuyées par les services de sécurité, ont déjà saisi et détruit des centaines de produits. Mais derrière ces opérations spectaculaires se cache une réalité plus complexe, un marché parallèle ancré depuis des années, résistant aux précédentes tentatives d’éradication.
Les autorités algériennes intensifient la chasse aux importations illégales « Cabas »
Le « cabas », pratique bien rodée, consiste à importer des marchandises en petites quantités via des voyageurs, contournant les règles douanières. Ces produits, souvent interdits à l’importation officielle, finissent en grande quantité sur les étals des commerces.
Saisie de produits cosmétiques importés via le circuit « cabas » – Guelma
Pour endiguer ce fléau, les contrôles se déploient désormais en aval :
- Des descentes inopinées dans les magasins et salons de coiffure, ciblant particulièrement les produits de beauté et les denrées alimentaires.
- Coordination renforcée entre les directions du commerce et les services de sécurité pour des interventions plus efficaces.
- Destruction immédiate des marchandises illégales, comme à Mila où 163 boîtes de chocolats et 69 flacons de cosmétiques ont été saisis puis éliminés.
« Les réseaux utilisent des voyageurs lambda pour faire entrer ces produits, parfois en louant leur quota de bagages non utilisés », explique un expert des douanes.
Chocolats, cosmétiques, téléphones… ces produits frauduleux qui inondent le marché algérien
Les produits saisis lors de ces opérations dressent un tableau alarmant de l’ampleur du trafic. Les autorités ont mis la main sur divers produits :
- Alimentation : Chocolats Milka, Ferrero Rocher, biscuits et bonbons en provenance d’Europe.
- Cosmétiques : Shampoings, crèmes, teintures pour cheveux importées de Turquie ou de Dubaï.
- Électronique : Téléphones et accessoires souvent sans certification.
Ces produits, échappant aux normes sanitaires, posent un risque pour la santé publique, tandis que l’État perd des milliards de dinars en taxes non perçues.
Saisie de produits cosmétiques non conformes lors d’une opération de contrôle – Aïn Salah
Plusieurs kg de produits alimentaires dont du café et des chocolats frauduleux interceptés – Tiaret
Destruction de produits laitiers importés illégalement – Tiaret
Plusieurs wilayas en action : des contrôles rigoureux et des saisies spectaculaires
Cette semaine a débuté par une série d’opérations musclées des services de contrôle à travers plusieurs wilayas du pays. Ces interventions ont abouti à des saisies importantes de divers produits illégaux, notamment à :
- Guelma : des équipes ont saisi et détruit sur place des stocks entiers de produits alimentaires et cosmétiques.
- Mila : une opération conjointe a abouti à la confiscation de produits d’une valeur de près de 100 000 DA.
- Tlemcen : les contrôles se concentrent sur les salons de coiffure, souvent approvisionnés en produits non réglementés.
- Ain Salah : Saisie de produits cosmétiques non conformes et poursuites engagées contre les contrevenants.
- Tiaret : 10 kg de produits alimentaires importés illégalement saisis et détruits, ainsi que 105 kg de denrées périmées.
Malgré ces efforts, le marché informel reste tenace. En 2021, le président Tebboune évaluait à 90 milliards de dinars les sommes circulant dans ce secteur parallèle. Toutefois, les récentes opérations témoignent d’une volonté ferme de l’Algérie de reprendre le contrôle sur les importations illégales
