Le modèle économique scandinave, l’Algérie peut s’en inspirer ou le transposer. La référence scandinave est souvent citée comme un exemple de réussite, alliant le capital et le social. Ce modèle a été, en fait, créé par les Allemands. Les Scandinaves l’ont copié, tout en restant Scandinaves. L’Algérie peut le faire également.
C’est une stratégie qui a cours en Malaisie, au Japon, en Corée du Sud… C’est là le propos d’Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal, un éminent spécialiste des questions de mangement, invité, hier, au Forum du journal Le Chiffre d’affaires. Pour lui, il faut changer de paradigme, avoir une vision, une conception économique claire, avant de mettre en place les procédés techniques.
Cette vision, juge-t-il acerbement, le pays ne l’a pas aujourd’hui, continuant à naviguer à vue et de manière chaotique. Il estime, par exemple, singulier le fait qu’un ministre ait conduit, pendant une vingtaine d’années, le secteur de l’Éducation nationale en reproduisant les mêmes façons de faire. C’est, recommande-t-il, par l’éducation qu’il faut commencer, si le pays veut réellement aller de l’avant et développer son économie, quitte à y consacrer des sommes colossales.
L’effort consenti dans l’éducation, on en verra les fruits dans les années à venir et l’Algérie aura tout à gagner en s’occupant sérieusement de ses citoyens de demain, explique le spécialiste des questions de management. L’alimentaire, il est nécessaire d’en tenir compte aussi dans la stratégie économique du pays, car, dit-il, il n’est pas normal de continuer à affecter près de dix milliards de dollars par an à l’importation de biens alimentaires.
Autre priorité, les infrastructures. Mais, souligne-t-il, les infrastructures ne doivent pas se limiter aux routes et autoroutes et autres ouvrages, parce qu’un opérateur a besoin de ports pour exporter ses produits et d’équipements technologiques, pour gagner en temps et en efficacité dans un monde où les entreprises se livrent une concurrence féroce. Et la règle du 49/51 ? Omar Aktouf se dit défenseur acharné de cette réglementation.
Et d’ajouter : “Je ne suis pas de ceux qui sont pour la domination des intérêts étrangers au détriment des intérêts nationaux, il faut que l’on soit maître de notre stratégie, de notre territoire.”Selon lui, la domination fait partie évidemment du modèle néolibéral américain que certains pays, comme l’Algérie, ont copié.
Ce paradigme est porté par l’économie virtuelle, visant plus de profits pour les riches, grossissant les rangs des pauvres. C’est cela le néolibéralisme et pas autre chose. Il a pour finalité de maximiser les gains, partout dans le monde.
Et il a des artisans qui s’en font les promoteurs. Seulement voilà, si on maximise les profits, on doit être obligé de minimiser certaines choses, à commencer par les salaires. C’est pourquoi, ajoute-il, les disparités se creusent et de manière exponentielle entre les salaires des employés et des patrons, notamment dans les banques. Tous ces effets pervers s’amoncellent dans une économie dépourvue de marché. Cette économie financiarisée, ce sont les cartels qui la font, pas le marché, analyse-t-il.
Y. S.