Les enjeux politico-partisans et les intérêts personnels priment sur ceux des citoyens que les élus ont promis et juré de servir avec dévouement.Jamais la wilaya d’Alger n’aura connu autant de tiraillements au sein de ses APC comme le mandat actuel. Plusieurs communes sont gérées depuis 2012 d’une manière abracadabrante et le bout du tunnel n’est pas pour demain.
La mésentente a gagné du terrain au point où les élus des différentes obédiences n’arrivent pas à se réunir. Cette réalité qui n’a pas échappé aux autorités et aux instances est devenue un véritable casse-tête pour ces dernières. Entre temps, les alliances se font et se défont dans les cafés et salons de thé sans aboutir à l’essentiel : se remettre au travail et accomplir la mission pour laquelle ces messieurs ont été élus. Le cas de la commune de Sidi M’hamed est des plus éloquents où les alliances se tissent au gré du balancier politique. Trois ans de vie commune n’ont pas été à la mesure de rassembler les belligérants.
Pour les observateurs avertis, c’est l’embellie financière des années 2000 qui aurait permis de telles discordes car beaucoup de communes ont vu leur budget grossir et par conséquent ouvert des appétits gargantuesques. Mais si certaines APC sont bloquées pour des dépassements dans l’application de la réglementation ou de la mauvaise gestion caractérisée par des décisions non collégiales reprochées notamment au président de l’exécutif, d’autres évoquent un problème de taille, à savoir l’application de l’article 43 du code de la commune qui concernerait des maires tombés sous le coup de poursuites judiciaires. C’est ce qui se passe à l’APC de Bordj El Bahri où le bras de fer est engagé entre la population et le maire.
En effet, des citoyens de cette commune sollicitent l’intervention de la wilaya pour faire appliquer les dispositions du fameux article à l’encontre du président de l’assemblée. Ce dernier serait sous contrôle judiciaire depuis septembre dernier au motif d’attribution non conforme à la loi de lots de terrain, malversations et expropriation de biens publics.
Les protestataires demandent l’application de l’article 43 qui stipule que le wali est chargé démettre de ses fonctions tout élu ayant fait l’objet de poursuites judiciaires pour infractions liées à la gestion des deniers publics, pour des raisons d’atteinte à l’honneur ou tombé sous le coup de mesures judiciaires ne lui permettant pas de poursuivre son mandat électoral jusqu’à délibération sur son cas par la juridiction compétente.
Les citoyens s’accrochent justement à ces dispositions pour demander le départ du maire qui, de son côté, nie catégoriquement les faits. Il explique que la protestation vient d’une minorité qui ne représente pas la population de la commune.
Mais ne dit-on pas que le ver est dans le fruit, car ce qui se passe dans cette commune n’est pas nouveau.
Au moins deux anciens maires ont fait l’objet de poursuites judiciaires dont l’un (le mandat précédent) a été carrément relevé de ses fonctions par le wali d’Alger. Quoi qu’il en soit, la problématique soulevée par cette situation ne réside pas dans l’application de l’article en question mais du remous qui entoure la gestion de toute une commune. L’instabilité née d’un tel mouvement n’est pas sans engendrer des conséquences pour le développement local. Lors d’une de ses visites, le wali Abdelkader Zoukh avait brandi la menace de prendre des mesures dissuasives à l’encontre des maires qui seraient à l’origine d’un blocage de l’APC. Passera-t-il à l’action alors que plusieurs communes vivent cette malheureuse situation ?