ALGER- La directrice régionale de l’ONUSIDA pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (MENA), Pr. Yamina Chakkar, estime que l’expérience algérienne en matière de lutte contre le Sida peut beaucoup apporter aux pays de la région affirmant que l’ONUSIDA oeuvrera pour que le projet de centre d’excellence que l’Algérie se propose d’abriter, devienne une « réalité ».
Le Pr Yamina Chakkar a pour mission d’apporter son soutien aux pays de la région pour l’accélération des progrès afin d’atteindre les objectifs de la Déclaration politique de 2011 sur le VIH/Sida de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Elle possède plus de 20 ans d’expérience dans le travail sur le VIH.
Après avoir rejoint l’ONUSIDA en 1999, elle a occupé les postes de coordinatrice de l’ONUSIDA au Togo, au Bénin et au Mali, et de conseillère pour l’appui aux régions pour l’Afrique occidentale et centrale.
Le Pr Chakkar qui a pris part à la réunion de haut niveau des femmes leaders de la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), tenue à à Alger les 10 et 11 novembre répond aux questions de l’APS.
Question: Que peut apporter l’Appel d’Alger que vient d’adopter la réunion de Haut niveau des femmes de la région MENA à la lutte contre le Sida?
Réponse: L’Appel d’Alger est très important surtout en cette conjoncture et dans l’agenda post 2015 sur lequel nous travaillons, dans la mesure où il appelle vraiment les Etats à renforcer la lutte contre le Sida et à renforcer tout l’environnement pour mettre fin réellement à l’épidémie après 2015-d’ici 2030.
Les femmes se sont engagées à cet effet, toutes les leaders étaient là, les partenaires, les Nations Unies à travers leurs représentants ainsi que la société civile.
Nous avons réuni tous les pays de la région MENA pour parler d’une même voix et voir comment renforcer notre engagement dans la lutte contre le Sida mais aussi utiliser le plaidoyer des femmes parce qu’on sait que les femmes peuvent jouer un rôle primordial.
C’est un appel à l’action dans différents domaines, un plaidoyer-engagement surtout pour mettre en oeuvre la stratégie arabe de lutte contre le Sida notamment en ce qui concerne les problèmes spécifiques à la femme. il y a aussi les problèmes d’engagement de tous les leaders.
Question: Vous avez évoqué les problèmes spécifiques à la femme, est-ce qu’on peut parler aussi des problèmes spécifiques à la région dans la lutte contre le Sida?
Réponse: Justement c’est l’un des points les plus importants et il ressort dans la déclaration finale. Nous avons parlé des problèmes spécifiques à la région, laquelle a, certes, une faible prévalence pour le VIH Sida heureusement, mais c’est une région où l’épidémie croît rapidement.
Si nous ne faisons pas attention en se disant que nous sommes tranquilles car nous avons une faible prévalence nous risquons d’avoir des surprises dans les années à venir. Dans les autres pays l’épidémie baisse alors que dans notre région elle augmente même si elle est encore faible. Donc nous avons vraiment discuté de ce point très sensible de la région et comment avancer.
Question: vous avez abordez également la question de la discrimination entre les femmes et les hommes dans l’accès aux services liés au Sida, ne pensez-vous pas que ce problème est lié à des facteurs culturels dans ces pays?
Réponse: Nous avons beaucoup discuté de stigmatisation et de la discrimination et c’est pour cette raison d’ailleurs, que nous avons fait appel aux leaders et particulièrement les leaders religieux qui jouent un rôle très important dans la lutte contre la stigmatisation.
La discrimination et le stigmat constituent la faiblesse la plus important à laquelle il faut s’attaquer si on veut réussir à éliminer le VIH/Sida.
Le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a déclaré lors de l’ouverture de la rencontre d’Alger que nous pourrions être la première région à pouvoir éliminer le VIH/Sida car nous avons une prévalence faible, de l’engagement et des ressources techniques.
Question: Et ce que l’expérience algérienne peut apporter un plus aux pays de la région?
Réponse: L’Algérie est leader dans la région et dispose d’un programme qui fonctionne bien d’ailleurs elle a toujours eu un programme multisectoriel de lutte contre cette maladie.
Le choix de l’Algérie pour abriter cette réunion n’est pas fortuit mais il découle plutôt, de notre conviction que son expérience peut énormément apporter aux pays de la région.
Au niveau de l’ONUSIDA, on sait que l’Algérie a donné depuis le début la priorité à la lutte contre le Sida et n’a pas lésiné sur les moyens. Elle est considérée parmi les premiers pays à mettre les personnes atteintes sous traitements antiréviraux (ARV), alors qu’ils coûtaient excessivement chers.
l’Algérie continuera à jouer son rôle de leader dans la région.
Question: L’Algérie a introduit une demande pour abriter le centre d’excellence de lutte contre le Sida, pouvez-vous nous en dire plus ?
Réponse: Effectivement, l’Algérie s’est proposé avec l’ONUSIDA, l’OMS de créer ce centre d’excellence pour la recherche et non pas uniquement pour la lutte contre le Sida. Il prendra en charge tous les aspects de la recherche en matière de santé.
C’est une première et nous travaillons beaucoup dans ce sens pour faire en sorte que ce projet devienne une réalité.