Dans notre société, le célibat est comme le tabagisme. Il est plus critiqué au féminin qu’au masculin. Toutefois, cela n’a pas empêché le célibat féminin de prendre de l’ampleur.
Sur 18 millions de femmes recensées, 11 millions sont célibataires. 50% des femmes algériennes en âge de procréer le sont aussi.
A la succession des générations, le célibat prend de nouvelles dimensions résultant de nouvelles conditions socio-économiques et modes de vie. L’Algérie ne fait pas exception quant au recul de la moyenne d’âge de mariage. Nos mœurs et traditions ne savent plus comment imposer leurs règles et approches contre le célibat prolongé. Du point de vue social et religieux, la notion de mariage est beaucoup plus profonde.
Il ne s’agit pas d’une simple union de deux êtres, mais un culte par lequel le marié complète l’autre moitié de sa religion. Hélas, les choses ont bel et bien changé, et les célibataires peinent à compléter leur moitié en religion. Entre problème de logement, chômage, la priorité aux études supérieures et la vie professionnelle au détriment de la vie en couple…le mariage a de plus en plus de quoi justifier son retard.
Cependant, par effet de coutumes et considérations religieuses, notre société n’est pas tolérante vis-à-vis du célibat, et c’est le célibat féminin qui capte majoritairement les commentaires et les discussions non pas celui des hommes. Dans ce contexte, la célèbre croyance que le mariage est une question de maktoub ne sert à rien quand il s’agit du célibat féminin.
Le célibat est comme le tabagisme. Il est plus dangereux pour la femme est moins toléré. Les statistiques rendues lors d’une rencontre portant sur les questions du mariage organisée par l’association bougiote Tafath révèlent que sur les 18 millions de femmes recensées, 11 millions sont célibataires dont 6 millions sont âgées de plus de 35 ans et 250 000 filles bouclent la trentaine chaque année.
Dans le même contexte, le directeur des études et analyses de l’évolution des indicateurs sociaux pertinents au commissariat général à la planification et à la prospective, Faouzi Amokrane, a fait savoir lors d’une journée d’étude sur la santé de la femme et du genre, organisée par l’Institut national de la santé publique au mois d’avril dernier, que la moitié de la population algérienne en âge de procréer était célibataire.
Par ailleurs, les résultats d’une enquête menée par le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme CIDDEF en 2009, font savoir au sujet du travail des femmes célibataires une fois mariées, que la population de célibataires est divisée en deux par rapport à cette question. «50% des femmes célibataires répondent sans équivoque ‘’oui’’ tandis que l’autre moitié pose des conditions.
Sur 74% des femmes les plus favorables au travail, désirent elles-mêmes travailler une fois mariées, seulement 9% parmi elles ne le désirent pas». L’évolution de la femme, son accès aux études supérieures, son insertion dans le monde du travail et son autonomie financière font reculer la moyenne d’âge de mariage.
Des acquis qui de plus en plus ne savent pas répondre aux interrogations de leurs proches lors des rencontres et fêtes familiales : «Quand mangera-t-on le couscous ?» car même si aujourd’hui des usines sont spécialisées dans la production du couscous, cela n’a nullement rendu le mariage moins compliqué comme c’est le cas autrefois quand c’étaient elles-mêmes qui le roulaient.
La vie se complique vu les difficultés en tous genres qui ne rendent pas l’union conjugale facile pour les hommes célibataires encore moins pour les femmes dont les exigences dépassent parfois celles des hommes.
En attendant de nouvelles tendances du célibat, les études supérieures, la vie professionnelle continuent à devancer le classement des priorités des femmes, viendra ensuite le projet du mariage dont les négociations concernent bien évidemment les hommes qui possèdent un poste de travail et un logement.
Yasmine Ayadi