Près de cinq ans qu’il n’avait pas gagné un trophée majeur… l’incroyable Roger Federer a parachevé son retour au premier plan en remportant dimanche, à l’âge de 35 ans, son 18e titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie, au terme d’une superbe finale contre son vieux rival Rafael Nadal, en cinq sets 6-4, 3-6, 6-1, 3-6, 6-3.
Le Suisse a réussi nombre d’exploits dans sa carrière, la plus fructueuse de l’histoire du tennis, depuis son premier succès à Wimbledon il y a quatorze ans. Mais celui-ci tiendra une place à part dans sa légende, à plus d’un titre.
Il n’est pas banal de remporter un tournoi du Grand Chelem à 35 ans: Federer est le deuxième joueur le plus vieux à y parvenir dans l’ère professionnelle après l’Australien Ken Rosewall dans les années 1970.
Il n’est pas facile non plus de continuer à croire en soi-même après une aussi longue période de disette. La dernière fois qu’il avait soulevé un trophée majeur, c’était à Wimbledon en 2012. A Melbourne, personne n’avait attendu plus longtemps que lui entre deux titres, son quatrième datant de 2010.
Le plus époustouflant est d’y parvenir dès son premier tournoi officiel de l’année, après s’être arrêté pendant six mois, de juillet à janvier, pour soigner une blessure au genou.
« Quand nous nous sommes vus à ton académie à Majorque il y a trois ou quatre mois, on n’aurait pas pensé qu’on se retrouverait ici! », a lancé le Suisse à son adversaire, qu’il laisse à quatre titres majeurs de lui (18 à 14).
Avec la manière
Federer a gagné avec la manière. Bien obligé! car en tant que tête de série N.17, son classement le plus bas depuis seize ans, il a eu un parcours extrêmement escarpé. Il est le premier champion de Grand Chelem à battre quatre top 10 en route vers le titre (Tomas Berdych, Kei Nishikori, Stan Wawrinka et Rafael Nadal) depuis 35 ans.
Comme rajeuni par sa période d’éloignement, il a parfaitement su profiter de l’élimination précoce des deux patrons du circuit ces deux dernières saisons, Novak Djokovic, double tenant du titre, et Andy Murray, N.1 mondial.
Que sa victoire ait été remportée aux dépens de Nadal la rend plus savoureuse encore car, toute sa carrière durant, l’Espagnol a été celui qui lui a le plus souvent barré la route. Il ne l’avait pas battu dans une finale de Grand Chelem depuis dix ans et la finale de Wimbledon 2007.
Federer, qui reste mené 6-3 dans ces matchs au sommet, a pris en particulier sa revanche sur la finale de 2009 à l’Open d’Australie, perdue contre Nadal en cinq sets. Cette année-là, il avait ému le public en fondant en larmes pendant la remise des prix. Il en a de nouveau versé une petite après la balle de match, mais pas de la même nature.
La rencontre a été à la hauteur de la légende de ces deux champions: longue (3h 38 min), intense, incertaine et spectaculaire.
Un cinquième set éblouissant
Le Suisse a joué par moments un tennis de rêve, multipliant les coups gagnants. Solide au service (20 aces), il a fait mal bien sûr avec son coup droit, mais aussi en revers, parfois son talon d’Achille contre Nadal.
Il a eu aussi quelques passages à vide et ce sont ses fautes qui ont permis au Majorquin de rester dans le match. C’est Nadal qui a d’ailleurs fait le break le premier dans la cinquième manche, la plus éblouissante. Federer a été mené 2-0 et 3-1, puis il a marqué les cinq derniers jeux du match en retrouvant son tranchant du fond du court.
Peut-être l’Espagnol, revenant lui aussi après deux mois et demi sans compétition, a-t-il payé les cinq heures d’efforts nécessaires pour battre le Bulgare Grigor Dimitrov en demi-finale et le jour en moins qu’il a eu par rapport au Suisse pour récupérer.
« J’aurais été content de faire match nul ce soir et de partager le trophée avec Rafa », a dit le Suisse.