Les cours du pétrole traversent, depuis mi-mars, une mauvaise passe. Hier, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mai, valait 47,81 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le Brent, référence européenne, pour le mois de mai, se situait, lui, à 50,63 dollars. Cette chute des prix est liée en partie à la reprise des activités industrielles de schiste et le relèvement des stocks aux États-Unis.
Et, pour le moment, il n’y a rien qui puisse empêcher cette tendance baissière de se poursuivre et de prendre de l’ampleur. Aussi, dans pareille conjoncture, la mission de faire face à la déprime des marchés est tellement énorme qu’une démarche en solitaire sera extraordinairement difficile pour l’Opep. Est-ce à dire que tout est perdu et qu’il n’y a plus de marge de manœuvre pour l’organisation ?
Pour certains experts, il y a toujours de l’espoir pour qu’elle reprenne de l’ascendant, mais en reprenant les termes utilisés dans les lignes directrices figurant dans la stratégie élaborée avec ses alliés (onze pays non-Opep). C’est ce dont il sera question demain à l’occasion de la réunion de l’Opep. Au cours de cette rencontre, l’Opep va discuter de l’éventuelle reconduction de l’accord conclu le 30 novembre dernier à Vienne. Et si prolongement il y a, les membres de l’organisation pétrolière vont devoir y associer les non-Opep.
Mais avant cela, l’organisation va voir “si les réserves de brut sont supérieures à la moyenne sur cinq ans, si les marchés sont inquiets face aux perspectives et si les entreprises et les investisseurs sont en confiance face à la santé de l’industrie”.
En attendant qu’elle voie plus clair dans cette situation, le Comité de surveillance de la production des pays membres et non membres de l’Opep va s’atteler, lui, aujourd’hui au Koweït, à faire le point sur le respect des quotas de production, dans le cadre de l’accord signé le 10 décembre dernier entre l’organisation des pays exportateurs de pétrole et onze pays qui lui sont extérieurs et à donner un aperçu sur l’évolution des marchés, à la lumière des faits recueillis ces dernières semaines.
L’accord conclu entre l’Opep et ses partenaires prévoit une réduction de production de 1,8 million de barils par jour, un volume conséquent. Mais pas assez, semble-t-il, pour rééquilibrer le marché.
Aussi, certains pays poussent-ils à son relèvement pour éponger davantage le surplus de pétrole et faire face aux stocks mondiaux, mais également à la menace du schiste américain qui, comme on le sait, a commencé à reprendre de la vigueur et devant augmenter, en 2017, de 300 000 barils par jour.
Mais, même avec cela, rien ne garantit que la démarche réussira, d’autant plus que les pays de l’Opep et leurs partenaires hors Opep devront pendre garde de ne pas trop couper dans leurs productions.
Car, une baisse démesurée de l’offre pétrolière risquerait de faire augmenter les prix du baril au-delà de 60 dollars, ce qui rendrait l’exploitation des schistes plus que rentable, ce dont ne veulent certainement pas la plupart des pays Opep et non-Opep.