Un baril coûteux ferait perdre aux membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) des parts de marché, a affirmé vendredi 18 novembre Ali Al Naimi, l’ancien ministre du pétrole saoudien dans un entretien accordé au Financial Times.
« Je n’ai aucune idée pourquoi ils veulent inverser [la situation actuelle de prix bas] car des prix élevés vont sûrement augmenter l’offre en brut et l’OPEP va encore perdre des parts de marché », a indiqué l’ancien patron saoudien du pétrole pendant plus de décennies.
Les remarques de l’influent Al Naimi, remplacé en mai 2016 par Khalid Al Falih dans le cadre d’une nouvelle approche économique du royaume menée par le prince Mohammed Ben Salmane, interviennent à quelques jours du sommet de l’OPEP à Vienne. Le cartel devrait confirmer et mettre en oeuvre l’accord de principe sur le gel de la production établi en septembre à Alger.
Dans l’entretien avec le journal financier britannique, M. Al Naimi s’est montré sceptique quant à un redressement durable des prix suite à la réunion de l’OPEP. « Toute personne qui pense que lui ou n’importe quel pays va influencer les prix dans le contexte actuel est complètement folle », a-t-il martelé.
Pour lui, un redressement des prix suite à une baisse de la production du cartel profiterait surtout ,dans le contexte actuel, aux producteurs hors-OPEP ainsi qu’au pétrole de schiste américain.
Tout en insistant que sa décision de ne pas baisser la production saoudienne en 2014 pour redresser les prix n’était pas destinée à rendre la production américaine de schiste non-rentable, il a défendu sa position, « absolument correcte » selon lui, de vouloir défendre la part de marché du royaume.
« Je n’ai pas pensé ou dit que nous voulions éliminer [le schiste], j’ai dit que nous ne voulions pas perdre davantage des parts de marché. Laissez le marché déterminer le prix », a-t-il expliqué.
Al Naimi, qui ne cache pas sa frustration envers certains ministres membres de l’OPEP qui selon lui « ne maîtrisent pas les faits », a quand-même défendu l’existence du cartel et son rôle.
« On n’a pas une autre organisation qui prend soin des affaires [de pétrole]. Avant 2014, le cartel a réussi mais en 2014 tout le monde avait des excuses », a-t-il déclaré.