L ‘opérette Hizia, présentée samedi soir à la grande salle des spectacles Ahmed Bey de Constantine, a donné un nouveau souffle à l’histoire d’amour épique de Hizia et Saïd. Pendant près de deux heures, 11 comédiens accompagnés des membres de la troupe des arts populaires de l’Office national de la culture et de l’information (Onci) et d’artistes du ballet ont célébré par la musique, la danse et le chant cette histoire d’amour réelle du XIXe siècle, immortalisée dans la mémoire collective algérienne par le poète populaire Benguitoun.
Dans un décor évocateur des paysages sahariens plongés dans une musique aux sonorités bédouines du défunt artiste Mohamed Boulifa, l’oeuvre distille l’idylle de deux jeunes cousins dont l’amour avait buté sur des traditions tribales sclérosées.
Le père de Hizia, Ahmed Ben El Bey, grand dignitaire de la puissante tribu des Douaouda, ne pouvant supporter le ouï-dire sur la relation de sa fille et son neveu décide de se faire accompagner de sa fille lors de la traditionnelle transhumance vers les zones du Tell pour rompre toute possibilité de contact avec son cousin. Chagrinée par la séparation qui lui fut imposé, Hizia meurt durant le voyage.
Ayant perdu goût à la vie après la mort de sa bien-aimée, Saïd s’exila pour vivre en solitaire loin de tout contact avec les hommes, excepté peut-être avec le poète Mohamed Benguitoun à qui il avait demandé d’écrire un poème à la mémoire de Hizia. Un poème magnifique qui fut chanté par de grands artistes dont Khelifi Ahmed, Abdelhamid Ababssa, El Bar Omar et Rabah Deriassa.
La chanteuse et comédienne Lamia Betouche a interprété le rôle de la belle Hizia tandis que le rôle de l’amoureux passionné, Saïd, a été incarné par Nacer Attaoui.
Le rôle du narrateur a été admirablement joué par Adjrad Jugurtha.
Les trois artistes sont tous issus de l’école Alhane oua chabab.
Les personnages du père et de la mère de Hizia ont été interprétés par les grands comédiens Mohamed Adjaïmi et Djahida Youcef, dont le choix par le réalisateur Faouzi Benbrahim a renforcé la confiance des autres jeunes artistes.
Dans une ambiance nostalgique d’un passé pas si lointain, l’oeuvre a réussi à mettre en symbiose tous les éléments du spectacle axé sur un texte écrit avec talent par le poète Azzedine Mihoubi.
Produite par l’Onci, l’opérette s’inscrit dans le cadre d’un projet de mise en valeur des chefs d’oeuvres du patrimoine immatériel national, en faisant appel en même temps à des artistes chevronnés et à d’autres plus jeunes au talent avéré, a affirmé le réalisateur Faouzi Benbrahim au terme du spectacle.
Il a également indiqué que l’opérette qui a été présentée à l’ouverture de la 9e édition du Festival du théâtre arabe organisé récemment à Oran effectuera prochainement une tournée artistique dans plusieurs wilayas du pays.