Opinion: Dans une interview fleuve accordée à la chaine de télévision A3 hier, Lakhdar Ibrahimi a fait de son mieux pour justifier le retrait graduel du régime du pouvoir. Il y aurait “danger” selon lui de satisfaire cette revendication populaire sans “prendre le temps qu’il faut”.
La conférence nationale également risque de durer plus de deux ans, période durant laquelle il n’y aura aucune légitimité issue des urnes, puisque selon Lakhdar Ibrahimi, il ne peut y avoir aucune élection sans une discussion approfondie de la constitution. Il justifie ensuite bien cette durée employant une approche comparative s’inspirant de l’échec des frères musulmans en Egypte qui ont changé la constitution égyptienne en une nuit et de la réussite de la démocratie tunisienne qui a pris deux ans pour établir une constitution. La constitution américaine qui a été établie en 116 jours ou celle du Japon entre Avril et Mai (1946), ne serait pas de bons exemples pour le timing que Lakhdar Ibrahimi veut imposer.
Cependant Lakhdar Ibrahimi a fait de son mieux pour ignorer la possibilité d’une élection présidentielle dans les prochains mois, une élection qui pourrait instaurer une première légitimité. Bien évidemment, le plan du régime n’est pas de confier la transition à un président légitimement élu dotée d’un mandat et d’une responsabilité politique, mais à un diplomate qu’ils veulent passer pour “indépendant” dont la mission sera d’amadouer l’opposition avec de soit disant “conseilles de sage” alors que la sagesse, serait justement de ne pas provoquer le peuple avec ce genre d’élucubrations.
Pour ce qui est de l’état de santé de Bouteflika, Lakhdar Brahimi décrit un président lucide en possession de toutes ses capacités intellectuelles à 100%, usant du même refrain utilisé par le trio Sellal- Ouyahia- Lamamra lors de la campagne électorale pour le 4ème mandat sauf qu’il s’oublie un peu trop à décrire un homme qui n’arrive pas à marcher et encore moins à parler, émettant ainsi malgré lui un diagnostic d’un individu totalement invalide. Il confirme cependant qu’il a rencontré Bouteflika sans accorder le moindre intérêt aux déclarations de ces derniers jours qui donnent le président pour mort.
Quant au remaniement ministériel annoncé par le vice premiere ministre Ramtane Lamamra, durant l’interview, Lakhdar Brahimi en fait un éloge dans le sens du progrès alors que c’est tout simplement de la corruption politique, où l’on va encore tenter de nous faire croire en “la bonne foi” du régime qui associe l’opposition au pouvoir alors que dans le fond ce sont des portes qui vont s’ouvrir vers le vide comme cela c’est produit auparavant à maintes reprises.
Sinon, Lakhdar Ibrahimi ne fait pas tellement cas du déroulement pacifique des manifestation mais s’attarde sans vergogne sur le sang froid de la police, qui aurait fait selon lui le succès de celles-ci!
La fin du 4ème mandat de Bouteflika en Avril risque d’être suivie d’une période où tous les coups seront permis et la légitimité on pourra toujours en rêver.
Vendredi 15 Mars, mes frères et soeurs soyons nombreux!
Chafik Ben Guesmia