C’est en cherchant à se régénérer que le régime à demander la démission de Ouyahia, devenu trop impopulaire, pour le remplacer par Bédoui.
Et pendant que le peuple demandait le départ de tout le régime, le clan Bouteflika dans une sérénité déconcertante entreprenait son processus de mutation du système en menant des actions diplomatiques tout en s’investissant à étudier les profiles des futures ministres, des gens inconnus ou presque, pour constituer un nouveau lot d’usurpateurs avec pour mission de s’accaparer de la transition.
Que le président Bouteflika démissionne en gandoura et écrivant une lettre demandant l’absolution au peuple, le show orchestré la nuit de Isra et Mi’raj, pour jouer sur les sensibilités religieuses et frapper les esprits avec cette image de “Sidi Bouteflika”, cela n’est encore une fois que de la poudre aux yeux. Le clan est bel et bien là prêt à créer une crise politique défiant non seulement l’armée populaire mais aussi le peuple.
Le clan Bouteflika est encore au pouvoir non seulement avec le gouvernement Bédoui, les partis politiques du régime ( FLN, RND, ANR..) mais aussi avec des centaines de cadres contrôlant les agences nationales et toutes les institutions étatiques.
L’élection présidentielle prévue en Juin est déjà compromise par le régime, qui va certainement avoir une douzaine de “candidats propres”, qu’il va puiser ou dans le corps diplomatique, ou dans les institutions, ou dans l’armée ou bien même dans le peuple.
La série d’arrestation qui se déroule en ce moment et qui continuera certainement dans les prochains jours ne va écarter que les scélérats du pouvoir les plus connus mais ceci n’est qu’un fragment de l’iceberg. A contrario, cette opération nettoyage va arranger le régime dont les membres ont déjà commencer à infiltrer le Hirak en faisant des déclarations d’allégeance. La série d’arrestation va en fait permettre de limiter le blâme à un groupe réduit de personnes tout en créant une option pour le régime de se refaire une virginité en clamant que “les voyous ont été écartés”.
Si Ahmed Gaid Salah veut vraiment se mettre du coté du peuple, le gouvernement Bédoui doit être manu militari dissous. Un remaniement ministériel ne trompera personne bien évidement, car comme disait Sofiane Bakir Torki, on ne va pas remplacer “un pion par un autre pion”.
Aussi chercher à effectuer des amendements de la constitution pour en extraire une nouvelle loi électorale, ne nous fera que tourner encore une fois en rond si “les ajustements” sont à être soumis pour approbation à une assemblée engendrée par le régime et donc à la solde du clan Bouteflika.
Si l’on doit conserver la constitution telle qu’elle est en ce moment avec toutes les exclusions qu’elle comporte pour organiser l’élection présidentielle, le régime dans son ensemble avec ses partis politiques et ses hommes et femmes dans le système, doit être interdit de participer à cette élection présidentielle. La révolution a le droit d’exiger cela.
Peut être bien que le peuple réussira finalement de cette façon à retourner la situation contre le régime et peut être bien qu’ainsi on aura un président digne de ce titre qui présentera une feuille de route pour une nouvelle république démocratique et libre.
Maintenant si l’armée veut vraiment redonner confiance au peuple, la constitution qui est caduque à tout point de vue doit être tout simplement abrogée et aussi bien l’assemblée que le sénat doivent être dissous pour laisser place à de véritables institutions de transition et que enfin cesse le bricolage pour que l’on puisse après 57 d’indépendance tout recommencer et cette fois-ci sans le régime.
Chafik Ben Guesmia
cbenguesmia@yahoo.com