L’ex premier ministre Ouyahia qui fut et qui demeure encore l’architecte principale de l’établissement du règne Bouteflika et de la consolidation du régime durant ces 20 dernières années, ne semble pas encore comprendre le message des algériens.
Sa récente déclaration appelant le pouvoir à “répondre dans les meilleurs délais aux aspirations du peuple” ne cherche en fait qu’à établir un repositionnement du RND, le deuxième parti du régime.
La conférence nationale de Lakhdar Ibrahimi vient ainsi de trouver un premier échos favorable avec le RND de Ouyahia, qui annonce de cette manière son intention de se réserver un siège autour de la table des négociations. Et par la même occasion le régime vient aussi d’annoncer le coup d’envois de la conférence nationale.
Le leader du RND qui sera évidemment le premier porte parole du régime, entend bien s’attaquer aux éventuels poursuites judiciaires qui pourraient résultés d’une telle conférence. Le régime veut encore imposer une majorité pour influencer comme d’habitude l’orientation des débats et leurs résultats. L’ANR et au moins une autre douzaine de partis politiques, tous travaillant pour le régime ne vont pas tarder à suivre pour occuper le terrain et tenter d’orchestrer leur propre retour au pouvoir. C’est du déjà vu et c’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a jamais eu de transition politique en Algérie depuis le soulèvement d’octobre 88.
Sinon, la leçon de la Libye où Kadhafi avait ignoré la revendication populaire, organisant lui aussi une conférence nationale sous forme de rencontre avec des chefs de tribus, cette leçon ne semble pas avoir été apprise par le régime en Algérie, qui est persuadé que “la ruse” peut encore fonctionner.
Chafik Ben Guesmia