Les avis des vétérinaires participant à l’Espace vétérinaire algérien (EVA), ouvert mardi à Oran, sont mitigés au sujet de la viande putréfiée de moutons de l’Aïd El Adha cette année, certains l’ayant expliqué par des facteurs climatiques et de conservation alors que d’autres par des médicaments disponibles et facilement acquis.
Le président du Syndicat des vétérinaires privés de Mostaganem, Benlakhdar Ouassini, a expliqué à la presse comme « probable » que « la canicule et l’humidité enregistrées le jour de l’Aïd El Adha étaient des facteurs provoquant la putréfaction de la viande prenant une couleur verdâtre. Il a indiqué que des spécialistes estimaient que certaines « hormones » administrées aux ovins par les éleveurs et les maquignons pour les engraisser pouvaient être à l’origine d’un tel constat, partant du fait que de pareils médicaments sont « disponibles sur le marché algérien et peuvent être facilement acquis par les agriculteurs et les éleveurs ».
M. Ouassini a, dans ce sens, déploré l’absence d’un conseil d’éthique de la profession de vétérinaire pour réglementer la commercialisation de tels médicaments, dont l’usage peut être dangereux pour l’animal.
Un vétérinaire de la wilaya d’Oran, Khaled Sraiche, qui a présenté une communication lors de l’EVA sur ce phénomène, ayant préoccupé l’opinion publique algérienne à l’issue de l’Aïd El Adha de l’année dernière et de cette année, a regretté que le rapport des autorités compétentes l’année dernière n’ait pas été suffisamment clair. Les choses avaient pris de l’ampleur en raison des médias sans une quelconque explication de ce phénomène.
La science prouve que d’autres facteurs encouragent naturellement la putréfaction de la viande, dont le taux élevé d’humidité et de la température, en plus de la bactérie microflore affectant la peau de mouton et le mode d’immolation qui n’est pas sain dans certains cas endommageant certaines parties du mouton en un temps court, a-t-il fait valoir.
Au sujet des antibiotiques que certains ont supposé être administrés aux moutons causant une couleur verdâtre et la putréfaction, M. Sraiche a soutenu que ces médicaments réduisent, au contraire, la prolifération de microflore.
Le problème est que l’Aïd El Adha est célébré ces derniers temps dans une période de chaleur et d’humidité élevées, a-t-il souligné. Rappelant que les mêmes conditions marquaient cette fête, il y a environ 30 ans, où l’existence de tels cas de putréfaction ne pouvait être évoquée jadis en raison du nombre restreint de médias. « La durée séparant le sacrifice du mouton, sa dissection et sa conservation doit être de 6 à 8 heures en vue d’éviter ce phénomène à l’avenir », a-t-il conseillé. Le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche a ouvert une enquête sur le phénomène de viande putréfiée dans plusieurs wilayas et a abouti à la cause de la température et de la mauvaise conservation.