Au lancement de chaque saison estivale, les responsables de ce chapitre au niveau de la wilaya d’Oran, élus ou administrateurs, avancent que les carences de l’année dernière seront rattrapées, les plages ne seront pas payantes, les vacanciers pourront accéder à toutes les plages, les sanitaires seront fonctionnels, le transport sera assuré pour toutes les plages, les restaurateurs présenteront de la bonne et hygiénique bouffe et la sécurité sera assurée.
Paroles, paroles et encore des paroles ! Puisque, sur le terrain, le vécu du vacancier est tout autre. Les mêmes carences et les mêmes dépassements que l’année dernière, si ce n’est plus, sont enregistrés.
«On lance dans les journaux et à la radio que la plage n’est pas payante et que tout le monde y a accès, mais la réalité et autre: on est obligé de payer une table, un parasol et des chaises boiteuses si on veut être bien placés face à la mer, sinon on s’installe derrière les parties cédées en concession, soit à une centaine de mètres de la mer», lancera un père de famille, ajoutant: «Une journée à la plage est devenue un luxe, puisque dans certaines plages, le prix du parasol est de 500 DA.»
Un autre estivant dira: «Si au moins à ce prix, on avait la tranquillité ! On se retrouve avec un parasol et une table collés au voisin; on ne peut même pas être à l’aise.» notre interlocuteur ironisera: «Les plagistes ont l’air de truands; ils nous accueillent avec des matraques, question de nous dissuader de refuser de payer la place à la plage.
Sous d’autres cieux et pas trop loin, les plagistes ont une tenue spéciale et sont aux petits soins avec les estivants. Le développement du tourisme n’est pas pour demain dans notre pays !» N’est-ce pas là un point qui doit être mentionné dans le cahier des charges de la concession des plages, puisque cela nuit à l’image du tourisme dans notre pays.
Si dans ces plages communales, c’est juste le droit à une place qui est payant, au niveau des plages dites «privées», l’accès à la plage est également payant. Là, le prix varie entre 400 et 600 DA par personne, juste pour passer la clôture de cette plage. A l’intérieur, c’est d’autres frais qu’il faut prévoir. Ainsi, pour une famille de cinq personnes, il faut compter 3.000 DA, juste pour entrer à la plage. Et dire qu’on avance toujours que l’accès à toutes les plages est gratuit pour les citoyens !
L’autre constat sur les plages est l’absence des sanitaires. Pourtant, leur réalisation était inscrite dans le programme de préparation de la saison estivale. En fait, hormis Bomo-Plage et la plage L’Etoile, les sanitaires font défaut. «On est obligés de faire nos besoins dans la mer, ou nous isoler dans les dunes pour un besoin pressant.
Au lieu d’inculquer à nos enfants l’hygiène, la propreté et la préservation de l’environnement, c’est nous-mêmes, les parents, qui leur disons d’entrer à la mer pour s’y soulager.» Rappelons que l’année dernière, une fillette de la wilaya de Mascara a été fauchée par une voiture et est décédée sur le coup alors qu’elle traversait la route pour aller «faire pipi» dans les dunes, face à la Grande Plage.
Le transport est l’autre calvaire pour les estivants. Il n’y a pas de dessertes directes pour les différentes plages de la Corniche. Les Karsans, qui ont fait leur retour à l’occasion de la saison estivale, provoquent la colère de leurs usagers. La surcharge est la devise des transporteurs.
Ainsi, les estivants recourent aux clandestins qui s’enrichissent en pareille période de l’année. «Je travaille avec les familles et les jeunes de mon quartier; je les emmène le matin à la plage qu’ils désirent et je repasse les prendre en fin de journée.
Toute destination à son prix», confiera un jeune transporteur clandestin. Il continuera: «J’ai acheté mon véhicule à crédit, dans l’espoir d’en faire un taxi, mais faute de licence, je travaille dans l’informel. Je dois rembourser à la banque le prêt.» On saura que le prix de la course vers les plages de la Corniche, en aller/retour, varie entre 1.500 et 2.000 DA.
La sécurité est un autre abonné absent sur nos plages. Les gendarmes des plages ou les policiers sont rares. On les voit surtout sur la route où ils guettent la moindre faute pour vous coller une contravention et vous retirer le permis de conduire, comme si c’était leur mission primordiale.
Un vacancier automobiliste dira à ce propos: «On a l’impression que le plan Delphine est plus répressif que sécuritaire; les gendarmes ne ratent pas une faute pour vous coller une contravention, pourtant ils ferment les yeux pour les motocyclistes sans casque et parfois conduisant en claquettes.
On dirait qu’ils veulent à tout prix renflouer les caisses de l’Etat avec notre argent et s’assurer qu’il y aura moins d’automobilistes sur les routes, en retirant au maximum les permis de conduire.»
Notre interlocuteur poursuivra: «La sécurité sur les routes, oui, mais il faut aussi assurer la sécurité en bord de mer, le soir dans la rue, et même dans les restaurants et espaces de détente et de fêtes.» Rappelons que 1.500 gendarmes assurent le plan Delphine dans la wilaya d’Oran. La police a déployé également un renfort sécuritaire pour assurer la sécurité des estivants.
S.B.