Oran : Quand le bidonville devient un mode d’urbanisation

Oran : Quand le bidonville devient un mode d’urbanisation

Entre constructeur illi cite et autorité, il y a des lois et des règlements que chacun doit respecter, appliquer et exécuter.

Or en Algérie, il semble que les représentants de l’autorité n’appliquent la loi que sur les honnêtes citoyens, leur ajoutant des fardeaux de lois bureaucratiques, uniquement pour retirer un permis de construire.

Il faut alors verser à la municipalité (mairie) la somme de 5.000 da, en plus du règlement du coût du permis de construire. Ce système de croque-monnaie est appliqué à ceux qui respectent les lois de la République et qui sont souvent dans la tourmente bureaucratique. Et, à force de respecter les lois, se baisser et se plier en deux devant des réglementations draconiennes, l’honnête citoyen est à plat ventre.

Mais depuis, les constructeurs illicites se comptaient par dizaines d’abord, par centaine ensuite et, aujourd’hui, par milliers dans toutes les villes d’Algérie. Ces citoyens, qui défient les lois de la République, ne respectent aucune réglementation. Parfois même, ils piratent l’eau et l’énergie électrique. Souvent même, ils ouvrent des commerces illicites et informels. Ils demeurent, de nos jours, des intouchables et certains membres de l’autorité locale compétente détournent même leur attention sur ce phénomène.

Le bon citoyen observe ce ridicule et cette passivité de la part des autorités, qu’il respectait depuis toujours. Mais, viendra le jour, où il se rebellerait à son tour car une autorité, qui ne se fait pas respecter, ne mérite pas de gérer ou d’administrer les citoyens, nous dira un ancien fonctionnaire de l’Etat à la retraite.

Qui sont-ils, ces gens qui arrivent dans une ville et s’installent à leur guise, entamant des constructions illicites au vu de tout le monde, sans que les instances concernées ne lèvent le petit doigt ? Ceci se passe dans toutes les villes.

Souvent, d’anciens habitants, occupant des bidonvilles hérités de l’ancien occupant, ont été logés dignement et ils le méritent. Mais, d’autres arrivants se sont réinstallés à la même place, construisant des demeures sans aucune prévention des risques d’éboulement, comme c’est le cas à Mostaganem par exemple et à Oran.

Une petite recherche a déterminé que ces énergumènes possédaient des terres agricoles et des maisons, qu’ils avaient mis en location dans leurs zones d’origine pour venir à la ville agrandir les bidonvilles, acquérir un véhicule pour le transport clandestin ou monter une charrette hippomobile et faire le commerce informel des fruits et légumes. Souvent, les uns bénéficient même du certificat de résidence et deviennent, en 24h, »ouled el bled».

Ce phénomène a «écrasé» le bon citoyen par une bureaucratie infernale parce qu’il respectait scrupuleusement les lois de la République. D’autres par contre continuent à défier les règles et les lois, l’autorité compétente demeure dans sa léthargie. Y a-t-il anguille sous roche ?

Dans un patelin tout près d’Oran, des notables nous ont confirmé que ces nouveaux venus sont tous des proches et parents de certains élus locaux. Ces derniers préfèrent voir le nombre de nouveaux venus augmenter en prévision des prochaines élections.

A. Benbrik