“Je reconnais mon erreur et je souhaite réellement la réparer. Qui n’a jamais commis une faute ?!” a imploré le prévenu à la barre.
Rarement une audience n’a autant ébranlé l’assistance que celle qui s’est tenue lundi dernier à la cour d’assises d’Oran, où D. Kada, coiffeur de 23 ans, était poursuivi pour viol sur B. Nour El-Houda, une adolescente de 17 ans. Au terme du procès qui a duré une heure environ, tous les protagonistes sont sortis en larmes : le prévenu qui a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison, la victime qui a espéré que son violeur mais néanmoins père de son enfant soit acquitté pour l’épouser et les parents des deux acteurs de cette tragédie qui n’avaient pas cessé, tout le long du procès, de se tordre les mains en murmurant des prières. “Je reconnais mon erreur et je souhaite réellement la réparer. Qui n’a jamais commis une faute ?!” a imploré le prévenu à la barre. Mais comment réparer une faute lorsque la victime est une adolescente contrainte brutalement à une maternité précoce ? Une adolescente qui, de surcroît, avait porté plainte pour viol avec violence, sous la menace d’un couteau, avant de se rétracter à l’audience, avec l’espoir manifeste de sauver un homme auquel elle est désormais liée à vie. Nour El-Houda est revenue sur ses accusations de viol pour ne retenir que l’amère sensation d’avoir été trahie. “Nous nous fréquentions depuis quelques mois, et ce jour-là, lorsqu’il m’a conduite dans ce bidonville, je ne me doutais pas qu’il allait me forcer à sept reprises. Il a abusé de ma naïveté !” a-t-elle raconté lors de son audition. Ce jour-là, lundi 9 mars 2015, l’adolescente a perdu son innocence dans un bidonville de Zabana, à Arzew, dans des conditions qui restent encore obscures. A-t-elle été violée, battue et menacée avec un couteau comme elle l’a affirmé au départ ? A-t-elle eu des relations consenties tel que le prévenu l’a toujours soutenu ? Personne ne le sait avec certitude. Ce qui est sûr, en revanche, est que le 12 avril, l’adolescente a porté plainte pour viol auprès des services de la sûreté urbaine d’Arzew, et qu’une procédure judiciaire a été engagée contre son petit ami Kada. Dans une tentative crédule de sauver ce qui peut l’être, les deux familles conviennent d’unir leurs enfants. “La loi ne reconnaît pas ce genre d’union explique le juge. Il faut juste me dire si vous maintenez la plainte ou non !” Bien malgré elle, la mère maintient la plainte, mais en soulignant qu’elle ne souhaite pas voir Kada condamné à la prison. Le ministère public requiert 12 ans de réclusion criminelle. L’avocat de la défense a plaidé les circonstances atténuantes et demandé la requalification de l’accusation de viol en détournement de mineur.