Le bureau de la CAF compte se réunir le 11 de ce mois au Caire pour prendre la décision finale et, en attendant, les responsables de la CAF disent non au report et non à l’annulation.
Il est incontestable que personne ne meurt si l’on reporte la tenue de la CAN 2015, mais il est clair pour tout le monde que cette compétition pourrait être une occasion supplémentaire pour la propagation du virus Ebola, qui a fait des ravages jusque-là dans le continent.
Devant la décision marocaine de ne pas organiser la compétition continentale en ce début 2015, la CAF avait sollicité d’autres pays dont l’Afrique du Sud et l’Algérie, mais ces derniers ont eu la sagesse de dire non, tout simplement, et comme il se doit.
Le bon sens voudrait qu’on reporte et qu’on passe à autre chose, mais la CAF ne l’entend pas de cette oreille. Un dernier délai est accordé (tiens donc!) au Maroc pour qu’il donne sa décision finale alors qu’il a déjà fait savoir les options qu’il offre, à savoir le report pour l’année prochaine, l’organisation par un autre pays ou l’annulation.
En d’autres termes, le choix est fait et c’est un «non» poli à l’organisation de la CAN dans les conditions actuelles rendues difficiles par le virus. Il n’y a rien de plus clair et, disons-le aussi, rien de plus sensé! Par ailleurs, le bureau de la CAF compte se réunir le 11 de ce mois au Caire pour prendre la décision finale et, en attendant, les responsables de la CAF disent non au report et non à l’annulation.
L’obstination est parfois une bonne chose. Elle relève de la persévérance dont doit faire preuve tout entrepreneur et tout responsable conscient de ses responsabilités, mais faut-il rappeler que tout a une limite, y compris la persévérance et y compris l’obstination? Doit-on rappeler que ces limites-là sont celles qui, lorsqu’on les franchit, font que nous perdions nos repères essentiels de responsables et, parfois même d’humains tout court.
Pourquoi la Confédération africaine de football s’obstine-t-elle alors à vouloir organiser coûte que coûte cette compétition que les pays membres contactés refusent pourtant d’abriter? Qu’y a-t-il donc de si vital dans cette compétition qui la rend «impossible à reporter»? Est-ce une affaire de prestige pour la CAF ou bien est-ce une affaire d’argent? Ou bien peut-être les deux à la fois.
A moins que, quelque part ailleurs, on tienne à cet évènement plus que tout autre pour des raisons que Dieu seul connaît mais qui ne seraient pas, selon nous, loin d’un calendrier qui voit pointer des élections avec des candidatures tant décriées par Michel Platini et par tant d’autres. Quelles que soient les raisons qui font que les responsables de la CAF tentent de s’accrocher, malgré tout, à la tenue de moins en moins probable de cette CAN 2015, elles ne peuvent mériter que l’on mette une vie, une seule vie, en danger.
Alors que dire lorsqu’il s’agit de mettre des vies, voire un pays entier en danger? Aucune, absolument aucune excuse ne pourrait être recevable et la logique aurait voulu que ce soit ces responsables de la CAF qui auraient dû décider de par eux-mêmes le report de cette compétition vu que le simple jeu pourrait se transformer en un danger qui mettrait des vies en péril.
Cela nous rappelle l’obstination de la FAF concernant l’octroi pour le maintien de l’organisation de la phase finale de la Coupe du monde 2022. C’est à croire que dans le monde du foot, l’entêtement serait une valeur porteuse. Peut-être la plus porteuse d’entre toutes.
En tout cas, si l’on rappelle que Sepp Blatter est à la tête de la Fifa depuis 1998, soit depuis 16 ans et qu’il cherche à briguer un autre mandat, si l’on rappelle que son prédécesseur João Havelange avait, lui, présidé la Fifa de 1974 à 1998 soit pendant 14 ans et si l’on rappelle que Aïssa Hayatou est à la tête de la CAF depuis 1987, c’est-à-dire depuis près de 30 ans, ou plutôt près de trois millénaires, alors on n’hésite pas à faire une relation entre l’obstination de ces hommes et leur durée au pouvoir.
Mais, comme on le disait plus haut, même l’obstination doit savoir où s’arrêter et même l’amour du pouvoir doit savoir quand céder à la raison, celle de monsieur-Tout-le Monde et, ne nous trompons pas, lorsque les décisions sont difficiles à prendre, il n’y a pas mieux que de se référer à la logique de monsieur-Tout-le-Monde. Or, cette dernière, dans notre cas précis, dit qu’il faut reporter la CAN 2015!