Othmane Bali, cinq ans après sa disparition : Un poète peut-il mourir ?

Othmane Bali, cinq ans après sa disparition : Un poète peut-il mourir ?

Le regretté Othmane Bali s’est imposé sur la scène artistique grâce à son talent bien sûr, mais surtout pour les nouvelles connotations apportées au tindi ancestral pour en fair e le blues des oasis.

Othmane Bali était le digne descendant d’une lignée d’artistes, dont sa maman qui faisait partie de sa formation, elle-même chanteuse de grand talent.

«Un poète peut-il mourir ?», disait le chanteur et poète amazigh Matoub Lounes dans l’une de ses chansons. Certainement pas.

Cinq ans après la mort de Othmane Bali, les mélomanes se souviennent toujours de lui. Les disquaires ne cessent d’ailleurs d’alimenter leurs bacs avec les albums trés demandés de ce chantre de la musique targui. «Nous recevons une demande encore importante des clients pour Othmane Bali. Ses CD se vendent de plus en plus surtout durant la saison estivale avec les touristes», nous confie Karim, disquaire place Emir- Abdelkader.

Othmane Bali, de son vrai nom Mebarek Athmani, a été emporté, il y a 5 ans de cela, un 17 juin, par les crues en furie d’un oued.

Il a été arraché à sa famille et à ses fans bien trop tôt. A 52 ans, Othmane Bali a rejoint un autre monde en regardant paisiblement son Tassili n’Ajjer. Le destin a voulu qu’il meure au même endroit qui l’a vu naitre.

La notoriété de Othmane s’est faite grâce à sa musique ancestrale venue des profondeurs du Désert. Il était d’ailleurs le premier ambassadeur du tindé, genre musical de sa région de Djanet, qu’il a contribué à faire découvrir aux publics algérien et étranger.

Médecin de formation, Othmane Bali a été un troubadour nomade qui n’a cessé à sa manière de promouvoir son patrimoine culturel en sillonnant le monde.

Cette vocation et son talent Bali le doit à sa famille éprise de poésie et de musique. D’ailleurs dès son plus jeune âge, il a été bercé par une voix chaude et câline, celle de sa mère, grande chanteuse de tindé.

Le mérité de Bali consiste incontestablement dans le travail entrepris aux nouveaux arrangements apportés à cette musique afin de la mettre au goût de la nouvelle génération. Il a fait du tindé une vraie révolution culturelle en le transformant en blues des Oasis.

Avec sa propre formation, composée des femmes de sa famille, ses nièces, son épouse et sa maman, Bali subjugua les spectateurs aux quatre coins du monde, avec au cœur sa maman Khadidjati qui disait souvent «C’est mon porte bonheur».

«Il est difficile pour la famille artistique et pour ses admirateurs de perdre un artiste qui s’est soulevé, semant les graines de l’espoir et de la joie, et consacré sa vie à transmettre un message noble. Il a alors gravé dans l’esprit de tous ceux qui l’ont connu amour et fidélité, étant un homme au grand cœur et à l’âme pure, pleine de bonté pour sa patrie» avait déclaré le président Bouteflika dans son message de condoléance.

«Othmane Bali symbolisait pour beaucoup de jeunes la réussite par le travail, l’effort, l’attachement au patrimoine et aux valeurs qu’il a su porter au pinacle et qu’il a incarnées dans sa vie de tous les jours.

Il a su faire naître de nombreuses vocations par la formation qu’il a instaurée au sein de sa troupe et au delà, auprès des filles et des garçons de Djanet, sa ville natale, de Tamanrasset, de Béchar et d’ailleurs», ne cesse de dire également Khalida Toumi, ministre de la Culture

Par : Kahina Hammoudi