OUARGLA – La cure par la saignée, l’incisiothérapie ou le « cupping », connu communément sous le nom de Hijama, a pris ces dernières années de l’ampleur au sein de la société à Ouargla et a de plus en plus d’adeptes de cette thérapie de médecine alternative pour se guérir de certaines maladies.
L’on relève l’ouverture de cabinets dans différentes régions de la wilaya où est pratiquée la Hijama, attirant des clients, femmes et hommes de différents âges, pour ce type de thérapie, par voie moderne et traditionnelle, hérité par certains de leurs ancêtres et acquis par d’autres à la faveur de sessions de formation au niveau de centres spécialisés.
Parmi ces pratiquants de cette thérapie traditionnelle, figure un vieux guérisseur par la Hijama, Hadj Slimani, octogénaire activant au quartier Gharbouz à Ouargla et cumulant une expérience de 30 années de pratique de l’incisiothérapie.
Hadj Slimani, qui a légué, dans la théorie et la pratique, cet héritage ancestral à ses descendants, jouit d’une notoriété de guérisseur de différents maux et maladies, dont la migraine, les douleurs articulatoires, la jaunisse et d’autres.
Il confie que « la thérapie par l’incision est recommandée une fois par an pour le corps humain » car, dit-il, elle apporte des améliorations substantielles à la dynamisation de la circulation sanguine, notamment pour certains cas de pathologies, tels les maux articulatoires, les maux de tête et la stérilité.
Mme Khadija, quinquagénaire spécialisée en médecine alternative et incisiothérapie à Ouargla, a, elle, indiqué avoir acquis cette expérience sur la base de procédés modernes acquis dans un centre de formation spécialisé en Hijama et acupuncture.
Expliquant les méthodes curatives adoptées avec le malade, elle exige en premier lieu la stérilisation de l’endroit du mal, généralement en-dessous des épaules pour procéder à des incisons en cupping usant de ventouses pour extraire du sang comportant des cellules mortes ou des toxines.
Abondant dans le même sens, un praticien généraliste qui a préféré garder l’anonymat, a affirmé « qu’en dépit de son exclusion de la nomenclature des spécialités médicales reconnues dans le pays, la Hijama présente des bienfaits thérapeutiques prouvés sur des maladies rhumatismales, la migraine, la faiblesse, les maux articulatoires et le traumatisme ».
Mme Noura, quadragénaire employée dans un laboratoire médical à Ouargla, a elle, par contre , mis en avant le développement scientifique acquis dans le traitement de certaines malades, que la Hijama est loin d’atteindre. Pire encore, cette laborantine estime qu’elle est source de complications et d’effets secondaires.
Elle suggère comme substitut à la saignée, de recourir plutôt à des séances semestrielles de don de sang pour renouveler ses cellules sanguines, et éviter la contraction d’éventuelles maladies.
De l’avis religieux sur le thème, Cheikh Othmane, imam d’une mosquée d’Ouargla, a affirmé que « cette thérapie de Hijama est recommandée par la Sunna (conduite du prophète Mohamed QSSSL), notamment durant le printemps, pour guérir de certaines maladies ».
Force est de constater l’ouverture effrénée, ces dernières années, de nombreux locaux, pseudo-officines destinées à la Hijama, même par des médecins généralistes.
Contactée par l’APS à ce sujet, la direction de la Santé et de la Population d’Ouargla a indiqué que « les services de la Santé ne peuvent interdire à ces personnes la pratique de la Hijama, en l’absence de textes réglementaires régissant ce type d’activités ».
Les « bienfaits » de la Hijama largement reconnus
Des citoyens ayant expérimenté ce type de cure n’ont pas hésité à louer les « bienfaits curatifs » relevés après des séances de Hijama, à l’instar de M. Mohamed, 55 ans, qui a subi des séances de Hijama pour remédier à de fortes douleurs et de fébrilité dont il souffrait, et a témoigné de l’amélioration de son état de santé.
Hadja Yamina, 70 ans, a, de son coté, déclaré avoir « opté pour la Hijama, après avoir souffert durant de longues années de migraine, avant de voir son état s’améliorer sensiblement après des séances de Hijama s’étant étalées sur une année (une fois tous les 40 jours) ».
La Hijama consiste en l’extraction à travers de fines incisions superficielles d’une quantité de « mauvais » sang au moyen de ventouses posées sur la partie dorsale du corps. Le prix fixé pour chaque séance varie de 1.000 DA à 1.500 DA la séance dans la région d’Ouargla.
En dépit du développement et des avancées médicales dans le domaine du traitement de plusieurs maladies, la Hijama, effectuée via des procédés modernes ou traditionnels, divise toujours les avis, qu’ils soient favorables ou opposés à cette thérapie.