Ouargla ,El-melhfa résiste au temps et à la mode

Ouargla ,El-melhfa résiste au temps et à la mode

El-melhfa, tenue traditionnelle portée par les femmes algériennes du Sahara, a pu résister au temps et au changement de la mode notamment, et accompagne la femme saharienne dans toutes ses occasions joyeuses.

Cette tenue qui se distingue par des couleurs vives et chatoyantes, savamment portée par les femmes de la région, contraste avec la melhfa noire des Constantinoises ou la blanche portée dans le centre du pays. Cette tenue traditionnelle, au contraire des autres melhfas du reste du pays, explique Mme Fatiha couturière de la région de Ouargla et spécialiste dans la confection de cet habit ancestral, se compose de trois pièces essentiels : «el-souria», «tamelhaft» et «el-hezem el-soufi» appelé aussi «tabechit».

El-souria est un fond de robe en soie que porte la jeune mariée alors que tamelhaft est une sorte de grande cape magnifiquement brodée et attachée à la taille par le hezem, a-t-elle précisé. Cependant la melhfa est surtout une tenue indispensable au trousseau des jeunes mariées de Ouargla et de sa région, avec un bon nombre de modèles qu’elles portent le jour de leur mariage ou, aussi, pour visiter les mausolées des saints de la région durant la semaine avant de convoler en justes noces, selon Ma-Aïcha, une septuagénaire habitant le vieux ksar de Ouargla. Un rituel indispensable auquel toute jeune mariée ouarglie doit se soumettre.

Ainsi, le premier jour, accompagnée de ses amies et autres membres de sa famille et portant sa melhfa, elle va visiter le mausolée de Sidi-Abdelkader, annonçant du coup le début des festivités comme nous indique, Ma-Aïcha.

Au second jour, poursuit-elle, la jeune mariée va porter une melhfa de couleur différente de celle de la veille, pour aller visiter le mausolée de Sidi-Beredjal où les parents de la future mariée vont préparer un grand déjeuner connu sous l’appellation de «idani fouhane» auquel les parents du futur mari seront conviés. Le jour d’après, portant une melhfa verte cette fois-ci, elle va rendre visite au mausolée de Sidi-Belkheir où elle va rencontrer son futur mari. Le quatrième jour, elle ira au mausolée de Sidi-Abdelkader avec une melhfa rouge et blanc, puis elle sera conviée à la maison de son futur époux en compagnie de ses proches pour une soirée rythmée par les chants et les tambours, ajoute-t-elle.

Au cinquième jour, la future épouse va porter outre la melhfa plusieurs autres tenues traditionnelles telles qu’El-Fergani, El-Tlemçani et l’Oranais, selon Aïcha qui regrette, en hochant la tête, que cette cérémonie soit réduite à seulement cinq ou six jours, alors qu’elle durait, par le passé, une quinzaine de jours, voire un mois. Elle reste pourtant très fière de nous relater ces traditions de la femme ouarglie. Mme Aïcha précise, au passage, que cette cérémonie ne traduit pas seulement l’authenticité des traditions locales et la noblesse de la femme de la région, mais caractérise également un certain aspect fraternel et convivial des liens sociaux qui a réussi à résister au temps et à ses changements de style.

R. L. / APS