Le maire d’Oued Ghir, Yacine Ramdani, d’obédience MPA, a fait, dernièrement, l’objet d’une enquête menée par le juge instructeur près le tribunal correctionnel de Kherrata, suite à une plainte déposée contre lui par l’ex-wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, pour «incitation à un attroupement illégal».
Deux responsables de l’association du village Hellil ont été également poursuivis pour le même motif. Les faits remontent au mois d’avril 2016 lorsque les habitants de la commune d’Oued Ghir avaient enclenché une vaste action de protestation pour réclamer «la fermeture immédiate et la délocalisation» d’un centre d’enfouissement technique (CET), implanté sur le plateau Sidi Boudrahem, arguant «sa non-conformité aux normes requises». Les protestataires avaient alors fermé la RN12 et bloqué l’accès au CET plusieurs jours durant. «Craignant d’éventuels dérapages devant la gravité de la situation», selon ses dires, le maire d’Oued Ghir avait appelé les citoyens de sa commune à un rassemblement populaire. Cela a conduit l’ancien wali de Béjaïa, limogé dernièrement, au dépôt d’une plainte «contre X» pour «incitation à un attroupement illégal». «Mon intention à travers cet appel était d’encadrer ce mouvement de protestation pour éviter tout dérapage susceptible de compliquer encore la situation et conduire au pourrissement», a indiqué le P/APC d’Oued Ghir. Pour sa part, Brahim Taherbilt, président de l’association Hellil, a affirmé que l’implication des leaders associatifs avait pour but d’apaiser les esprits et porter les doléances des citoyens aux autorités concernées d’une manière responsable et sereine. Bien que cette affaire ait été classée par le juge instructeur, le procureur de la République a fait appel de la décision du juge et veut relancer les poursuites, a-t-on appris du maire d’Oued Ghir. «Je ne comprends pas le pourquoi de cet acharnement judiciaire, alors que le juge avait déjà classé l’affaire ?», s’interroge l’édile communal. Pour manifester leur soutien au P/APC d’Oued Ghir et aux deux responsables associatifs poursuivis dans cette affaire, les citoyens de Hellil, fortement exposés aux aléas de l’implantation dudit CET, viennent de signer une pétition pour réclamer l’arrêt immédiat de ces poursuites judiciaires. Pour rappel, les citoyens de la commune d’Oued Ghir avaient appelé à la fermeture du CET Sidi Boudrahem après avoir constaté l’écoulement des émissions toxiques, le lixiviat. Ce liquide dangereux coule à ciel ouvert et se déverse dans une rivière traversant la localité de Hellil. En outre, les citoyens de cette localité avaient exprimé leur désarroi devant les odeurs nauséabondes qui se dégageaient de ce CET. Malgré les assurances de l’ex-wali de Béjaïa quant à sa mise en conformité, les protestataires ont exigé sa délocalisation vers un autre endroit. Au mois de septembre dernier, une commission ministérielle s’est rendue sur les lieux et a fait un constat des plus amers de la situation lamentable de «cette décharge». L’inspectrice du ministère de l’Environnement avait qualifié la situation de ce CET de «catastrophique». Elle a reconnu la légitimité de la revendication des citoyens d’Oued Ghir consistant dans la fermeture dudit CET, tout en promettant de veiller à sa mise en conformité. À noter que les pouvoirs publics ont été contraints de rouvrir la décharge de Boulimat, en attendant de trouver une solution définitive au CET Sidi Boudrahem.