Ils attendent depuis tant d’années un secours qui viendrait les délivrer d’un sous-développement qui sévit depuis des lustres et en fait d’eux les derniers damnés de la terre, ils ont assez de survivre à travers ce « Guantánamo » à ciel ouvert en attendant l’aube de l’indépendance qui tarde à se pointer en ce lieu de l’oubli total ….Une seule route traverse ce douar, qui est sillonné de long en large, par un tracteur avec une citerne qui alimente les citoyens en eau potable à tour de rôle et sur commande, et un « bus du hasard » qui n’assure que rarement le transport public et les rattache au monde en les emmenant vers le chef-lieu de commune, Ouled Boughalem, où ils s’approvisionnent en denrées et autres ravitaillements alimentaires.
Fatigués, ces damnés de la terre ne sollicitent pas grand-chose de ces élus qui les ont berné avec tant d’histoires dont ils se sont lassés d’entendre d’une campagne électorale à l’autre, ni de ces autres promesses des candidats à la députation , venus en campagne, leur jurer qu’ils feront du douar si marginalisé, un paradis sur terre, ils souhaitent juste boire suffisamment une bonne eau sans l’attendre et sans le payer si cher, et surtout du travail pour leurs enfants, dont certains désespérés, partent sur ces radeaux de la mort au large de la plage d’El Bahara et ne sont point revenus pour apaiser l’inquiétude des parents qui demeurent, à ce jour sur des feux ardents, en se morfondant de douleurs et de pleurs …