A l’heure où les scandales de corruption éclatent au grand jour, les responsables algériens admettent, du bout des lèvres, l’existence de graves « infractions ». En 2008, la corruption a enregistré 807 infractions, selon Mokhtar Lakhdari, directeur des affaires pénales au ministère de la Justice, cité par l’APS.
Le président Bouteflika avait déjà déclaré la guerre à la corruption, en diverses occasions, mais les faits mettent à nu l’absence d’une véritable volonté politique pour mettre fin à ces pratiques. Le cadre du département de la Justice qui s’est exprimé hier, à la veille de l’ouverture de l’année judiciaire, justifie la profusion des affaires de corruption par le fait que « ce type de criminalité prend de l’ampleur durant les périodes de transition économique ». L’interminable transition économique algérienne nous a, vraisemblablement, causé beaucoup de tort. Le responsable du ministère reconnaît également la « connivence » des agents de l’Etat, permettant ainsi à la corruption de prendre racine dans des secteurs publics stratégiques (secteur bancaire, marchés publics…). Le mea-culpa du cadre du département de la Justice s’arrête là. M. Lakhdari soutient que « la politique pénale a montré son efficacité ». Les statistiques pénales des dernières années attestent, selon lui, de l’efficacité de leur démarche. Les chiffres de 2008 font, en effet, état d’une baisse « significative » des infractions ciblées par le nouveau dispositif juridique, telles que les vols et l’émission de chèques sans provision, a affirmé le directeur des affaires pénales et des grâces, Mokhtar Lakhdari.
En clair, le taux de criminalité est en baisse et les affaires de corruption en hausse. Les infractions les plus répandues se manifestent à travers les infractions relatives à la loi sur la concurrence (98 481 infractions en 2008), celles relatives à la loi sur la protection du consommateur (50 641 infractions en 2008), celles relatives à la loi sur le change (1269 affaires en 2008), les émissions de chèques sans provision (11 117 infractions en 2008). Les instruments juridiques adoptés pour faire face à l’évolution de la criminalité ont permis, selon M. Lakhdari, de « renforcer la capacité de dissuasion de la justice et ont eu pour effet de réduire, de 2006 à 2008, le taux de la criminalité de 5,53% ». Le responsable a néanmoins estimé que l’efficacité de toute politique pénale dépendait des mesures qui l’accompagnent au plan social et économique pour prévenir la criminalité et réduire les facteurs de délinquance. A propos de la corruption et de la criminalité liées aux activités économiques et commerciales, M. Lakhdari a estimé que ce phénomène touchait à la transparence de la vie économique et à l’intégrité des agents publics.
Abordant le thème de la criminalité organisée, le directeur a souligné que celle-ci comprenait une criminalité impliquant des groupes organisés qui se répartissent des rôles et se déploient au niveau transnational (trafic de stupéfiants, contrebande de diverses marchandises, trafic de migrants). Il a relevé que la criminalité organisée évoluait, notamment, dans les zones frontalières et, en particulier, dans les régions de Tlemcen, Béchar, Tamanrasset et Tébessa, avant d’insister sur l’importance de la conjugaison des efforts aux plans régional et international, pour son éradication. Interrogé sur le terrorisme, M. Lakhdari a estimé que même s’il demeure « non circonscrit » dans certaines régions (Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Tipaza, Aïn Defla et Jijel), le terrorisme a connu « une baisse considérable de 30% entre 2006 et 2008, c’est-à-dire depuis le début de l’application de la politique de la réconciliation nationale ».
Par Amel B.