L’urgence d’une mutation de la communication publique
“Communiquer sans modération et de manière moderne.” C’est le message lancé aux “pouvoirs publics” par Chebbine Saïd, consultant en communication, à la fin de la conférence qu’il a animée hier matin à l’hôtel El-Aurassi.
C’était à l’ouverture des 4es journées euromaghrébines de la communication publicitaire qui se clôtureront aujourd’hui. Cette réaction du conférencier est venue clôturer sa longue intervention dont l’intitulé était “Communication publique et techniques de publicité”.
Critique et direct, Chebbine a abordé de front le manque de communication criante des pouvoirs publics. Une situation qui, selon lui, ne devrait plus exister. “Avant, il était question d’injonctions, maintenant il s’agit avant tout de compétition politique et de concept de citoyenneté.
Les exemples ne manquent pas. Il cita un d’actualité : le dispositif de crédit immobilier. “il n’est pas clair”, dira-t-il en ajoutant : “pourtant des sommes colossales ont été mises sur ce dispositif et on aurait pu mettre une toute petite partie pour faire comprendre les modalités.
Il aborda également un autre problème que les automobilistes algériens subissent à leurs dépens ces derniers temps, celui du nouveau code de la route.
Le manque d’informations sur ce qui a changé provoque à ce jour, et après plusieurs mois de son application, des remous dans toutes les régions du pays. D’ailleurs, Chebbine n’a pas hésité (tout en l’ajustant d’un “pour l’instant”) de lancer un avertissement : “cette politique publique risque de créer un climat de malaise social.
S’étalant sur le déficit de la communication publique, l’enseignant à l’institut des sciences politiques et de journalisme d’Alger, déclara que les institutions publiques “sont tenues de rendre compte” aux citoyens.
“Elles doivent devenir parlantes”, entonna-t-il tout en lançant “la légitimité se renforce par la communication”. Intervenant après Chebbine, Jacques Bille, vice-président et membre du board mondial de l’IAA (International Adversiting Association) a abordé comme sujet “la publicité et le marketing social”.
Allant dans le même sens que son prédécesseur, il a axé sur la notion de citoyenneté : “c’est plus un consommateur qu’il faut convaincre mais un citoyen.” S’appuyant sur des images vidéos de plusieurs spots publicitaires (français, espagnols, brésilien, etc.), Bille a abordé plusieurs sujets d’actualité.
L’un d’entre eux a même suscité une mini-polémique parmi l’assistance. Il s’agissait d’un spot pour la lutte contre le sida. Un des présents (qui faisait tout pour se faire remarquer) n’a pas raté l’occasion pour reprocher au conférencier la diffusion d’un spot dans lequel le préservatif y jouait un rôle important.
Un “rappel à l’ordre” au nom des “sociétés arabo-musulmanes” qui a fait réagir une jeune fille visiblement outrée. “Pourquoi se voiler la face, devant des réalités qui existent chez nous”, lâcha-t-elle sans cacher son énervement “les rapports sexuels existent chez nous et on doit briser ces tabous”.
Au passage, il faut rappeler que près de 4 000 personnes sont atteintes du sida et la tendance est à la hausse.
Cette séance matinale a été également marquée par la communication de Anne Saint-Dreux, directrice de la maison de la publicité de Paris.
Cette historienne a essayé de faire un voyage à travers le temps en revenant aux premiers spots publicitaires datant de la fin du XIXe siècle. Elle indiquera que “la publicité est un vecteur d’information qui renseigne sur nous et nos sociétés”.
Salim Koudil