Fadila Djouder
Djamel Laroussi, accompagné de 80 choristes universitaires, entre algériens et africains résidant dans le pays, se sont produits, avant-hier soir, à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih, en ouverture du 20e Festival européen en Algérie. Le coup d’envoi de cette 20e édition, placée sous le slogan du «Vivre ensemble», s’est déroulé en présence d’un nombreux public et de représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie et a été notamment marqué par un vibrant hommage aux deux étudiants tués il y a quelques mois, Assil et Ndudzu Prosper.
Dans son allocution d’ouverture, dont les salutations ont été faites en arabe et en amazigh, l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, John O’Rourke, a déclaré : «Dans l’esprit du mois de Ramadhan, nous avons voulu que le festival de cette année se déroule sous la thématique du vivre ensemble. Notre vedette ce soir, Djamel Laroussi, nous a fait l’honneur d’être présent et ouvrir cet événement. Je n’ai aucun doute que cet artiste, avec ses musiciens, nous fasse vivre un moment inoubliable avec un spectacle qui tire son inspiration des différences culturelles d’horizons très divers». Il ajoute : «Afin de mettre en exergue le thème du vivre ensemble, nous avons fait appel à une chorale internationale, créée spécialement pour cette occasion. Elle est notamment composée de jeunes originaires de plusieurs pays africains, étudiants à Annaba, Constantine, Oran, Tizi-Ouzou et Alger. Il me tient à cœur de souligner que par l’engagement à célébrer la joie, la beauté et le vivre ensemble, ces jeunes rendront hommage à toutes les victimes de violence, et en particulier à leurs camarades Assil étudiant à l’université de Ben Aknoun et Ndudzu Prosper étudiant à Annaba.»
Pour sa part, Nourdine Saoudi, directeur de l’Opéra d’Alger, remerciera le public pour sa présence à cet important événement, que l’opéra accueille à « bras ouverts ». «Vous avez manqué à l’opéra et quoi de mieux que d’être dans cette symbolique du vivre ensemble pour se retrouver. Je pense que l’homme pour se hisser vers le haut et être auteur de n’importe quelle création, c’est parce qu’il est avant tout un être social et sociable».
Djamel Laroussi et ses choristes en guest-stars
L’artiste Laroussi, accompagné de 80 choristes et ses musiciens Smaïl Benhouhou au clavier, Lamine Saâdi au mandole, Toufik Toukari et Mourad Bouchala, au banjo, Hamza Zaghouani, à la derbouka (percussions), Saïd Hafid, à la basse et Hafid Abdelaziz, à la batterie, a fait vibrer la salle avec son style unique dans une ambiance euphorique pour célébrer le vivre ensemble. Il interprétera à cette occasion plusieurs titres de ses succès issus de ses différents albums, à commencer par «Zina ard bladi», «N’Kodo» et «Laâfou», avant de mettre le feu sur scène, invitant le public à le rejoindre pour danser avec les chansons «Andak Ayouliw», «Mrahba» et «Kifech Hilti». Le public a longuement applaudi l’artiste pour sa prestation magnifique et explosive. L’artiste nous dira, en marge de sa prestation, que «depuis que j’ai commencé dans ce domaine, ma musique s’est démarquée par un mélange de styles différents qui réunit tous les peuples. Pour moi, je pense que nous devons être tous ensemble.
Pour ce thème, l’Algérie donne actuellement une grande leçon au monde entier, on a prouvé que nous savons vivre ensemble». Il explique, également, à propos de la préparation du concert de cette soirée d’ouverture : «Pour cette soirée, nous avons pensé à cette chorale que nous avons appelée la chorale du vivre ensemble, parce qu’elle est composée de quinze nationalités différentes. En ce qui concerne la coïncidence de cet événement avec ce mois béni, j’ai voulu jouer avec des musiciens qui ont l’habitude de monter sur scène pendant le mois de Ramadhan. Ces musiciens ont l’habitude de jouer du chaâbi, une musique appropriée à ce mois, ils chanteront ensemble mes morceaux revisités d’une manière chaâbi.» Pour son grand retour sur la scène artistique, après une longue absence, Djamel Laroussi nous avouera que « la dernière fois que je suis venu en Algérie, en 2018, cela a été à l’invitation de ce festival. Pour cette année, le thème du vivre ensemble m’a tout de suite plu. Certes, à la base, ce n’est pas pour le Hirak, mais je pense que c’est une bonne coïncidence, car le monde a besoin d’être en paix». L’un des moments fort de la soirée est lorsque les choristes ont rendu un émouvant hommage à leurs camarades lâchement assassinés, en interprétant la magnifique chanson originaire d’Afrique du Sud «Amazing Grace» (le grand pardon), qui a ému les présents et généré un moment marqué par un silence religieux et une écoute attentive.
L’un des étudiants de l’université d’Oran, Mayam Cyrile, également chef de cette chorale, nous confie à propos de cette expérience que «nous, les choristes du vivre ensemble, nous sommes là pour manifester notre engagement suite aux décès de nos frères algérien et zimbabwéen survenus en février dernier.
Avec Djamel, qui fait la musique du monde, nous nous sommes dit que par le biais de l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, que cela serait une bonne idée de partager la scène ensemble et le message qu’il est possible de vivre ensemble mais aussi de créer et de faire des choses ensemble».