Pacte sur les Migrations: des ONG appellent les pays à tenir leurs engagements

Pacte sur les Migrations: des ONG appellent les pays à tenir leurs engagements

MARRAKECH – Le Pacte mondial sur les migrations des Nations Unies a continué mardi de susciter les plaidoyers en faveur du texte alors que les défenseurs des droits de l’Homme et les ONG appellent les pays signataires à mettre réellement en oeuvre leurs engagements en plaidant pour des pratiques idéales en matière de migration.

Les orateurs ont poursuivi leurs plaidoyers en faveur du Pacte pour une « migration sûre, ordonnée et régulière » soumis depuis lundi à une conférence internationale à Marrakech, initiée par les Nations Unies, en présence des Etats adhérents au Pacte et ceux des organisations internationales, plaide pour des pratiques idéales en matière de migration.

Aux côtés d’autres dirigeants présents à la conférence, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé les « nombreux mensonges » sur le Pacte qui a généré des « tensions politiques » dans plusieurs pays et fait éclater la coalition gouvernementale en Belgique, avec la démission des ministres issus du parti nationaliste flamand.

Non contraignant, le Pacte recense des principes –défense des droits de l’homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale– et liste 23 propositions pour mieux gérer la migration, comme l’échange d’informations et d’expertises, ou l’intégration des migrants. Il préconise d’interdire les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours.

« La société civile va surveiller ce qui se passe et demandera des comptes », a souligné l’ONG Oxfam. « Il est important de saisir cette chance et de pousser pour que ça avance (…) », a indiqué notamment Sarnata Reynolds, responsable d’Oxfam pour les migrations.

Pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet a reconnu lors d’une cérémonie officielle dédiée au 70e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme que « les Etats n’ont pas toujours tenu les engagements qu’ils ont pris il y a 70 ans », tout en insistant sur les progrès accomplis.

En ce qui concerne la migration, « on parle d’un pacte contraignant ou non contraignant… Mais il y a maldonne: il ne s’agit pas de politique intérieure mais de dignité de l’être humain », a dit Francesco Rocca, président de la Croix rouge internationale.

La fondatrice de « One Child », une association centrée sur les mineurs migrants, a été invitée à prendre la parole à l’ouverture officielle des débats. « La migration peut être bien entendu une expérience sûre et positive…Mais que dire des 30 millions de mineurs qui sont obligés de partir de chez eux à cause de violences et des conflits? », a lancé Cheryl Perera  devant la conférence.

Alors que les nationalistes européens se mobilisent contre le Pacte à l’approche des élections européenne de mai 2019, la chancelière allemande Angela Merkel le soutient comme plusieurs Premier ministres européens: l’Espagnol Pedro Sanchez, le Portugais Antonio Costa, le Grec Alexis Tspiras, le Danois Lars Lokke Rasmussen, –qui vient de resserrer la politique migratoire de son pays– et le Belge Charles Michel, qui a donc maintenu son déplacement au prix de l’unité de sa coalition.

Dans un discours, Mme Merkel a plaidé pour le multilatéralisme en rappelant l’ »histoire de son pays, marqué par le nazisme ».

« La réponse au nationalisme pu a été la fondation des Nations unies et l’engagement de trouver ensemble des réponses à nos problèmes communs », a-t-elle dit.

Une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York (Autriche, Australie, Bulgarie, Chili, Estonie, Hongrie, Italie, République tchèque, République dominicaine, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et Suisse). Les Etats-Unis avaient quitté le processus en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique de migration du président Donald Trump.