PAKISTAN. 17 rebelles tués par des drones américains

PAKISTAN. 17 rebelles tués par des drones américains

Parmi les victimes du bombardement figurent des talibans afghans et pakistanais. Il s’agit de l’une des attaques de drone les plus meurtrières de ces dernières années.

Dix-sept rebelles islamistes présumés ont été tués, mercredi 3 juillet au matin, dans un bombardement de drone américain dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan, selon un dernier bilan fourni par des responsables de sécurité locaux.

Parmi les victimes figurent des talibans afghans et pakistanais, ont affirmé ces responsables qui avaient annoncé dans la matinée un premier bilan de quatre insurgés morts dans cette attaque, l’une des plus meurtrières perpétrées par les avions sans pilote américains ces dernières années au Pakistan.

Plusieurs drones ont tiré quatre missiles sur un bâtiment voisin d’un grand marché de Miranshah, la principale ville du Waziristan du Nord, district tribal connu pour être le principal bastion des talibans pakistanais et de leurs alliés d’Al-Qaïda, ainsi qu’une importante base arrière des talibans afghans qui combattent le gouvernement de Kaboul et l’Otan de l’autre côté de la frontière. Les frappes de drones ont ces dernières années rarement visé des cibles urbaines, détruisant le plus souvent des maisons isolées ou véhicules utilisées par les rebelles selon les autorités locales.

Une arme vitale

« Quatre drones survolaient la zone au moment de l’attaque, et deux d’entre eux ont tiré quatre missiles sur un bâtiment », avait indiqué dans la matinée un responsable local de la sécurité. Une source officielle à Peshawar, principale ville du nord-ouest, avait confirmé le bombardement. « Le bilan est monté à 17 morts », a ensuite déclaré un peu avant la mi-journée le premier responsable, un bilan qui ne pouvait être confirmé de source indépendante.

Il s’agit du second bombardement de drones américains au Pakistan depuis que le Premier ministre Nawaz Sharif a demandé l’arrêt de ces frappes en prenant ses fonctions à la tête du gouvernement début juin, dénonçant une violation de la souveraineté nationale.

Entamés en 2004, mais intensifiés à partir de 2008, les tirs de drones au Pakistan sont considérés par Washington comme une arme vitale pour neutraliser ses ennemis islamistes reclus dans les zones tribales pakistanaises réputées impénétrables.

Parfois quotidiens à certaines périodes, leur nombre a cependant bien baissé ces deux dernières années. Selon un décompte à partir des informations données par les responsables pakistanais, les 14 frappes recensées cette année ont tué près de 90 personnes, contre 101 bombardements fatals à plus de 670 personnes sur toute l’année 2010.

« Les Etats-Unis n’ont pas commencé tout seuls »

Quelques heures après le bombardement de mercredi, le gouvernement pakistanais l’a comme de coutume condamné. Plusieurs médias et sources diplomatiques ont toutefois fait état ces dernières années d’un accord informel entre Islamabad et Washington, son premier bailleur de fonds, autorisant ces tirs.

« Les Etats-Unis n’ont pas commencé à lancer des attaques de drones tout seuls », sans concertation avec les autorités pakistanaises, a ainsi estimé le chef de l’armée afghane, le général Sher Muhammad Karimi, dans un entretien à la BBC publié mercredi. Le Pakistan leur « fournit la liste » des insurgés qu’il souhaite éliminer, a-t-il ajouté en accusant Islamabad de ne fournir aux Américains que des noms de rebelles talibans pakistanais, en guerre contre le Pakistan, et non de talibans afghans, dont il est historiquement proche. Islamabad, régulièrement accusé par Kaboul de soutenir les talibans afghans, s’en défend.

Après le bombardement de mercredi, des responsables de sécurité pakistanais ont souligné que les drones avaient visé et détruit des bâtiments utilisés par le réseau Haqqani, une faction des talibans afghans accusée par Washington d’avoir perpétré certaines des plus sanglantes attaques menées contre les forces afghanes et de l’Otan ces dernières années. Ces informations sont là aussi impossibles à vérifier de source indépendante.