Pakistan : l’imam qui avait accusé à tort une fillette de 14 ans de blasphème acquitté

Pakistan : l’imam qui avait accusé à tort une fillette de 14 ans de blasphème acquitté

Un tribunal pakistanais a acquitté un imam qui avait accusé une adolescente chrétienne de blasphème, avant d’être arrêté lui-même pour les mêmes charges, une affaire qui avait suscité une vive émotion dans le monde.

« Le tribunal a rejeté toutes les accusations contre Khalid Chishti et l’a acquitté », a indiqué samedi soir Wajid Ali Gilani, l’avocat de l’accusé. Selon lui, l’accusation n’a apporté aucune preuve et les témoins à charge se sont tous retirés.

ILLETTRÉE ET RETARDÉE

Rimsha, une jeune fille de 14 ans, illettrée et retardée mentalement, avait été accusée par des voisins, il y a un an, d’avoir brûlé des pages d’un manuel d’introduction au Coran sur lesquelles étaient écrits des versets du texte sacré de l’islam, un crime passible de la prison à vie au Pakistan.

Rimsha Masih dans un hélicoptère après sa libération de prison. Elle a ensuite été accueillie avec sa famille au Canada.

La jeune fille avait passé trois semaines en détention dans une des prisons les plus dures du pays, avant d’être libérée. La justice avait abandonné les charges contre elle en novembre. A sa libération, elle et sa famille avaient dû se cacher, avant d’être accueillies au Canada.

EXPULSER LES CHRÉTIENS DU QUARTIER

L’affaire, qui avait eu un retentissement international, avait rebondi lorsque l’imam de la mosquée du quartier où vivait Rimsha avait lui-même été arrêté. Hafiz Mohammed Khalid Chishti était accusé par les autorités d’avoir introduit des pages du Coran dans les cendres de feuilles brûlées dans l’espoir « d’expulser » les chrétiens du quartier. Il avait été libéré sous caution peu après son arrestation.

Fin 2012, les dirigeants de la communauté chrétienne au Pakistan avaient rendu hommage aux responsables musulmans, aux médias et à la société civile pouravoir mis en lumière l’injustice dont avait été victime l’adolescente. La loi pakistanaise sur le blasphème, accusée par les libéraux d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels et défendue bec et ongles par les musulmans radicaux, prévoit jusqu’à la peine de mort pour les personnes dénigrant le prophète Mahomet et la prison à vie pour quiconque brûle le Coran.

Les autorités n’ont toutefois jamais exécuté une personne condamnée à la peine de mort en vertu de cette loi qui demeure très sensible au Pakistan, pays à 97 % musulman en proie à une montée en puissance du fondamentalisme religieux. Asia Bibi, une mère de cinq enfants est toujours en prison, après sa condamnation à mort en novembre 2010 pour avoir, selon ses voisines, dénigré le prophète.