Grâce à ce projet basé uniquement sur l’énergie renouvelable, d’ici à 30 ans les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux pourraient accompagner une telle transition.
Il y a une année, le groupe algérien spécialisé dans l’électronique, Condor, dont le siège social est sis à Bordj Bou Arréridj, prend de l’essor en s’investissant dans la production des panneaux photovoltaïques. Connu pour la qualité de ses produits électroniques, électroménagers et informatiques, Condor avait lancé une division «énergies renouvelables».Cette décision stratégique prise par le groupe privé d’investir dans ce créneau «d’avenir» s’inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement pour la promotion des énergies renouvelables.
Le P-DG de Sonelgaz, à l’occasion d’une conférence de presse, avait annoncé que le gouvernement avait lancé un programme destiné à porter à 40% la part des énergies renouvelables au titre du programme de production d’électricité à l’horizon 2030, soit un production globale de plus de 22.000 mégawatts, dont 10.000 mégawatts destinés à l’exportation. En tant que premier initiateur dans un investissement exclusif de l’économie nationale, la curiosité que ce projet a suscité en nous a fait qu’il nous a amenés à nous déplacer sur les lieux pour connaître son état d’avancement.
Lors de notre arrivée à cette usine, construite à Bordj Bou-Arréridj, M.Amir Benhamadi assistant du président du conseil d’administration et M.Abdelhakim Louaham, directeur Qhse (qualité, hygiène, santé, sécurité et environnement) nous ont reçus chaleureusement et n’ont ménagé aucun effort pour être nos guides dans cette structure industrielle qui changera à l’avenir, le mode de consommation énergétique des Algériens.
Cette usine qui a coûté au fabricant 10 millions d’euros a été lancée le 2 janvier 2012 et a commencé la production en mai 2013. Elle s’étend sur une superficie de 5584 m2, dont 3122 bâtis, avec une capacité de production de panneaux solaires initialement fixée à 75 mégawatts crête (unité de puissance d’un capteur photovoltaïque) par an (avec possibilité d’extension à 280 mégawatts par an au cours des prochaines années) en cycle de fonctionnement de 3×8 avec un effectif global de 300 personnes. Elle utilise la technologie du silicium, dont la puissance varie entre 70 et 280 watts en monocristallin et polycristallin, selon les déclarations des responsables de Condor qui assurent en ce sens que ces panneaux photovoltaïques répondent aux normes et standards internationaux.
Aussi, l’entreprise considérée promeut le choix de l’énergie solaire: c’est une source d’énergie écologique, propre. Il s’agit d’une ressource locale et renouvelable, qui génère de l’emploi local. En entrant dans cette usine très spacieuse, M Amir Benhamadi affirmera: «Il n’y a pas de tensions internationales provoquées par l’énergie solaire. Les gens se sentiront plus à l’aise avec ça» en expliquant que ces nouveaux produits suscitent de l’intérêt, d’ailleurs plusieurs wilayas du pays veulent s’en équiper. Aussi l’objectif de Condor est de promouvoir les énergies renouvelables pour diminuer la consommation de l’énergie fossile, polluante et diminuer l’émission du CO2. Le deuxième objectif est de faire bénéficier notamment la région du Sud en énergie. L’acheminement de cette dernière demande de très grands investissements. L’électricité reviendra beaucoup moins chère dans le Sud algérien puisque la source de l’énergie est solaire».
Satisfaire les besoins du marché algérien
Il est reconnu que les panneaux solaires photovoltaïques ont ceci d’avantageux: ils permettent de convertir la lumière du rayonnement solaire en électricité, offrant ainsi des atouts écologiques et économiques. Plus qu’une solution écologique, le solaire thermique est une alternative économique et fiable, ainsi le soulignent les spécialistes rencontrés dans l’usine. «Economiquement, c’est intéressant aussi. Le prix des panneaux très raisonnable. Et je pense même qu’il y aura une baisse due au fait qu’il y aura une demande supérieure à l’offre. Mais cela devrait vite se stabiliser.
Le système est fiable, à l’intérieur ce n’est que de la mécanique, l’automate ne gère que la programmation. Après plusieurs systèmes de ce type installés par l’entreprise chez des particuliers, il n’y a aucun problème à signaler. L’entreprise va d’ailleurs prochainement en installer dans des entreprises de grosses pointures».
Amir conseille cependant «de ne pas minimiser l’importance de la qualité des panneaux. Pour l’efficacité du système, il vaut mieux profiter du soleil pour économiser l’énergie et les frais d’électricité. En Algérie le soleil brille plus de 3200 heures par an, le silicium existe à l’état brut dans le sable sous forme de roche appelée silice, il ne reste qu’un cadre technologique pour que les experts s’y mettent, surtout que la volonté politique existe». De son côté, M.Louaham expliquera la démarche en cours «le site poursuit une conversion industrielle qui doit le mener les années prochaines à fabriquer quelques pièces importées, pour le moment, de certains pays asiatiques. Le groupe renforcera ainsi sa capacité pour offrir à ses clients des systèmes énergétiques couvrant l’ensemble des besoins».
Des technologies de haute qualité utilisées
Pour le fabricant, son expertise en électronique, les garanties offertes sur les produits, ainsi que le suivi proposé vont permettre à l’entreprise de moins subir les fluctuations conjoncturelles que la concurrence. L’assistant du président du conseil d’administration affirmera dans cet ordre d’idées: «Condor privilégie les composants de qualité. Les câbles, cellules, boîtiers de connexion, et autres composants des panneaux solaires sont en priorité des composants de haute gamme et le choix de partenariat avec des fournisseurs qui respectent nos exigences de coût, de qualité et de rendement.»
On relèvera que le chef d’unité, qui est ingénieur en électromécanique, est chef de production à l’usine. Cette politique industrielle s’accompagne d’un effort soutenu en matière de recherche et développement pour assurer la croissance de nos activités photovoltaïques», ajoute notre interlocuteur.
Les installations en milieu résidentiel ou industriel représentent le coeur de la demande, soutenue par un accompagnement précieux auprès des installateurs. Condor met en effet un point d’honneur à accompagner les installateurs. Ceux-ci peuvent notamment bénéficier d’offres de financement ou de formation via ses différents services. «Peu demandés (les panneaux) pour le moment, notre ambition est de bien maintenir le cap et valoriser sa production au plan des besoins domestiques en premier lieu, puis des grossistes et distributeurs d’ Algérie en énergies, principaux destinataires de ces produits.
«Nous mettons en avant les qualités de notre produit qui n’a que peu d’équivalents sur le marché et la modernité de l’outil de production garant de la qualité de fabrication», explique M.Benhamadi. Il ajoute en outre que «l’argument» du made in Algeria fera office de bonus: il donne tout leur sens aux garanties des produits. Nous sommes en effet proches du client en cas de problème et la solidité de notre groupe garantit une pérennité sur le long terme pour tenir ces garanties.»
Beaucoup reste à faire
Les enjeux environnementaux des contextes local et international actuels expliquent le choix de Condor de s’ouvrir aux perspectives de développement durable en investissant pas moins de 938 millions DA dans un projet «énergie renouvelable».
Cependant, cette firme qui avait lancé à l’inauguration de ce projet que la capacité annuelle atteindra 50 mégawatts n’a pas encore atteint l’objectif visé. Interrogé sur cette regrettable situation M.Benhamadi président- directeur général du groupe que nous l’avons interrogé dans son bureau expliquera que «même si le marché est vierge, la fabrication de ces panneaux solaires reste timide. Après 12 mois de production Condor arrive seulement à réaliser 5 mégawatts».
Les contacts avec les entreprises algériennes se font petit à petit, nous en sommes à la phase de prise de connaissance des entreprises avec nos produits et elles sont déjà intéressées pour adopter cette technologie. Nous allons maintenir le cap. Car cela fait partie de la stratégie de l’entreprise. Nous investissons nos bénéfices là où il y a une opportunité. Avant même d’adopter ce projet nous l’avons bien étudié et nous savions bien qu’il ne sera rentable qu’au bout de quelques années de travail».
Le P-DG explique en outre que le manque de données fiables sur ce marché qui est nouveau les a obligés à commencer avec deux produits qui peuvent toucher toutes les applications, à savoir les panneaux photovoltaïques de 100 watts pour mono cristalline et le 235 watts pour poly cristalline.
L’usine Condor Electronics a pu acquérir la technologie de l’énergie solaire photovoltaïque grâce à ses ingénieurs qui ont été formés à l’étranger. «Nous avons acquis une certaine expérience mais nous aurons toujours besoin d’un partenaire étranger pour mieux nous orienter. En Algérie, nous n’avons pas trouvé de partenaire. Dommage, nous avons beaucoup d’institutions qui ont des capacités et des compétences. Je les interpelle pour faire une équipe et développer ces énergies renouvelables» soulignera M.Benhamadi.
L’objectif projeté est de produire 500 mégawatts d’électricité à partir de l’année prochaine et d’atteindre 50 megawatts en 2015 avec une part d’exportation. Est-ce possible?Aux dires de beaucoup, la partie est jouable. A long terme, l’exportation vers l’Europe, est envisageable, car notre pays possède une autre richesse que le pétrole, à savoir le soleil qui brille plus de 3200 heures par an.
C’est une énergie pour laquelle le pays devrait d’ores et déjà préparer le terrain. Il est vrai que les énergies renouvelables constituent pour l’avenir de l’humanité, et au-delà des gaz de schiste, la solution idoine face à l’épuisement des énergies fossiles.
Pour l’Algérie dont la production de pétrole et de gaz connaissent actuellement un certain fléchissement, une énergie renouvelable telle que celle offerte par le soleil et mise en valeur par l’entreprise Condor constitue un atout majeur pour l’économie du pays. Si le projet européen Desertec est devenu un mythe, celui de l’entreprise Condor est bien réel.
En tant que pionnière dans notre pays, son objectif qui se situe comme un moyen industriel d’avant garde, à savoir la production des panneaux photovoltaïques selon des normes mondiales, et surtout de qualité, rend nécessaire, voire impératif le développement global de cette option par les autorités concernées.