Paracétamol et grossesse : attention aux risques pour l’enfant

Paracétamol et grossesse : attention aux risques pour l’enfant

Utilisé par les femmes enceintes pour soulager les douleurs car réputé sans risque, le paracétamol pourrait être à l’origine de troubles du comportement chez l’enfant des années après sa naissance, avertissent des chercheurs.

Au cours de la grossesse, le recours aux médicaments doit être limité de manière générale. La question se pose donc quant à l’utilisation de l’antalgique de référence, le paracétamol. Selon l’ANSM*, ce dernier peut être utilisé tout au long de cette période « de façon ponctuelle aux doses recommandé », c’est-à-dire 3 g par jour, et même pendant l’allaitement. Mais des chercheurs de l’université de Bristol remettent en cause cette recommandation et affirment qu’à l’instar des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), contre-indiqués à partir de 5 mois de grossesse révolus, il existe un risque pour le fœtus.



Leur étude affirme en effet que l’acétaminophène ne doit pas être considéré comme sûr pendant toute la grossesse pour traiter la douleur et la fièvre. La raison ? il serait associé à un risque accru de problèmes de comportement chez l’enfant. Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 7796 mères inscrites au sein d’une étude entre 1991 et 1992 avec leurs enfants et leurs partenaires. Ils se sont intéressés au lien entre les problèmes de comportement chez l’enfant et l’utilisation prénatale et post-natale de paracétamol des mères ainsi que celle de leur partenaire.

Une utilisation fréquente pendant la grossesse

Le questionnaire a pris en compte l’utilisation de paracétamol à 18 et 32 semaines de grossesse et lorsque les enfants étaient âgés de 5 ans. Les problèmes de comportement déclarés par les mères ont été évalués par un autre questionnaire lorsque les enfants concernés étaient âgés de 7 ans. Les données ont montré qu’à 18 semaines de grossesse, 53% des participantes utilisaient du paracétamol.  Un chiffre légèrement en baisse à 32 semaines de grossesse (42%), puis nettement en hausse (89% des mères) cinq ans plus tard.

L’étude relève que 7% des enfants présentaient des problèmes de comportement. Au vu des résultats, les chercheurs suggèrent que la consommation prénatale de paracétamol par les mères entre 18 semaines et 32 semaines de grossesse est associée à un risque accru de problèmes de comportement chez l’enfant, voire d’hyperactivité, quand il sera plus âgé.

Faut-il revoir les recommandations sanitaires ?

Ce risque évolue en fonction de l’avancée de la grossesse : après 32 semaines, l’utilisation de ce médicament est associée au développement de troubles de l’attention et à une performance cognitive moindre. La consommation du partenaire masculin n’a eu en revanche aucun impact sur la survenue de ces troubles. « Les enfants exposés prénatalement à l’utilisation d’acétaminophène connaissent un risque accru de multiples difficultés de comportement. Nos travaux suggèrent que l’association peut être due à un mécanisme intra-utérin », écrivent les chercheurs.

Ces derniers souhaitent mener d’autres études pour élucider l’origine de ce mécanisme et en savoir plus sur les bonnes posologies et durées d’utilisation. Mais compte tenu de la consommation généralisée de ce médicament par les femmes enceintes, de telles conclusions pourraient avoir des conséquences importantes sur les conseils de santé publique. D’autant que ce n’est pas la première fois que des chercheurs mettent en lumière ce risque.

En juillet dernier, les scientifiques du Center for Research in Environmental Epidemiology de Barcelone sont en effet arrivés à la même conclusion. Ils affirment que les bébés exposés pendant la grossesse présentaient non seulement des risques plus élevés d’hyperactivité et d’impulsivité mais étaient aussi plus susceptibles de développer des symptômes du spectre autistique, notamment les garçons. L’équipe a supposé que le paracétamol peut interférer avec le développement cérébral du fœtus.