Paradoxe entre la vision française et américaine, quant à la règle 51/49 : Alger n’a pas exploité la guerre d’influence qui oppose la France aux USA

Paradoxe entre la vision française et américaine, quant à la règle 51/49  : Alger n’a pas exploité la guerre d’influence qui oppose la France aux USA

Alors que les Américains dénonçaient, par la voix de Christopher Wilken, responsable par intérim de la section commerciale de l’Ambassade américaine à Alger, les décisions intempestives et le maintien de la règle 51/49 qui, à leurs yeux, dissuadent les investisseurs, particulièrement les Américains et les Français par la voix de M. Jean-Louis Levet, haut responsable de la Coopération industrielle et technologique franco-algérienne, qui s’est prononcé mercredi soir à Oran, estiment, que la règle 51/49 s’avère être un atout pour les investisseurs français. Jean louis Levet ira plus loin, en affirmant que les entreprises françaises ont tout à gagner, en investissant à long terme en Algérie, que d’y exporter seulement.

La radiographie américaine du climat des affaires en Algérie est plutôt terne. Ils y voient bien à leur façon, les restrictions de placement, les interdictions d’importation et les décisions réglementaires mises en place sans préavis, qui dissuadent les entreprises américaines pour venir investir en Algérie. Pour les Américains, les interdictions d’importation envoient un message puissamment négatif, à la Communauté internationale des affaires, concernant l’ouverture de l’Algérie au commerce international. En outre, considèrent-t-ils, les dernières restrictions sur l’importation des véhicules, de certains produits alimentaires et pharmaceutiques, ont été mises en place de façon soudaine, sans aucune période progressive de mise en œuvre, portant ainsi atteinte à la prévisibilité du climat des affaires, dont les investisseurs ont besoin pour prendre des décisions, à long terme.

Encore une fois, la première puissance économique mondiale considère, que pour améliorer le climat des affaires, des mesures concrètes sont les moyens les plus efficaces, pour augmenter l’intérêt commercial des entreprises américaines en Algérie, l’investissement et les échanges commerciaux. Pour Christopher Wilken, le Diplomate américain, les mesures consacrées par les pouvoirs publics portent aussi préjudice au consommateur algérien, en réduisant la disponibilité des biens nécessaires sur le marché local, tels que les médicaments, ce qui entraîne une hausse des prix et réduit le pouvoir d’achat des salaires par l’inflation.

En fait, la règle 51/49 sur l’investissement dérangeait foncièrement les investisseurs US, qui l’a conçoivent tel un obstacle majeur à l’investissement étranger en Algérie.

La France développe sa propre vision

Contrairement aux Américains, la partie française ne voit pas avec un mauvais œil, la règle 51/49. Concrètement, elle estime que celle-ci permet de trouver des partenaires algériens fiables, qui vont aider les joint-ventures créées, à se développer dans un espace administratif, financier et foncier, que les partenaires français ne maitrisent pas forcément. L’argument est aussi clair pour la partie française; il n’est pas plus compliqué d’aller en Algérie, que d’aller au Brésil, en Roumanie ou en Chine.

En somme, la règle 51/49 sur le capital, consacrée par l’Algérie, ne semble pas déranger outre mesure les Français. Ils n’y voient pas un frein pour le renforcement de la coopération algéro-française qui, de plus, cette coopération est appelée incontestablement à changer de méthode et d’échelle, pour ne plus être simplement une démarche commerciale à l’égard de l’Algérie.

Dans une récente allocution délivrée aux membres du FCE, jean louis Levet estime qu’il s’agit pour son pays, de structurer une stratégie de long terme, en concertation et en relation étroite avec les Algériens. Il s’agit désormais, d’avancer dans une dynamique de partenariat qui vise l’excellence et l’exemplarité

Le partenariat de la France avec l’Algérie est stratégique dans ce qu’il permet de construire, de part et d’autre, un nouveau mode de développement qui définisse les priorités, structure les projets et ouvre de nouveaux périmètres d’action aux entreprises privées algériennes.

Paris veut jouer sur tout ce qui concerne les domaines, où la France possède une véritable expertise, telle que l’agriculture et l’agroalimentaire, l’environnement et la vie durable, tenant compte que dans une quinzaine d’années, l’Algérie comptera 50 millions d’habitants pour qui, des dispositions doivent être pensées et projetées dès aujourd’hui, telles que l’habitat et la gestion des déchets.

La France mise également, sur la santé avec ses 600 hôpitaux qui nécessitent une modernisation, le transport avec ses segments aérien, maritime et terrestre, l’ingénierie, la recherche, l’enseignement supérieur, la formation, l’apprentissage et, bien sûr, le monde de l’entreprise.

Ceci étant dit, Jean Louis Levet a dressé, tout au long de son intervention, les différentes pistes et les chantiers à exploiter, d’un côté comme d’un autre de la Méditerranée. A une question d’un intervenant, sur la baisse du prix du baril de pétrole, il dira sur le ton de la plaisanterie : «Il n’y a aucune corrélation, entre ma présence en Algérie et la chute du prix du baril de pétrole» et de conclure, «cette baisse, il faut la vivre comme une contrainte constructive et pas négative.»

Guerre d’influence entre les Français et les Américains sur le sol algérien

L’offensive diplomatique des USA et de l’Europe s’intensifie, et les Etats-Unis d’Amérique sont au coude-à-coude, chacune des deux puissances souhaitant raffermir son influence en Algérie, aujourd’hui à la croisée des chemins. Cependant, le bilan, jugé positif, semble bien donner une longueur d’avance aux Américains, qui s’enthousiasment pour l’embellie politique entre les deux pays. Outre une coopération militaire porteuse de nouveaux défis, plus de trois (03) milliards de dollars ont été injectés par les Américains dans l’économie algérienne. Et la visite du commandant de l’US Air Force, le général Michael E. Ryan, fait acquérir à l’Algérie un rôle tout nouveau, dans l’œuvre de stabilisation du pourtour méditerranéen, une stabilisation qui ne saurait être maintenue, sans assises économiques fortes.

Mais, si sur le plan économique, dans son segment d’investissement direct sur le sol algérien, les Américains demeurent toujours sceptiques, la France ne veut, à aucun prix, laisser passer la chance de reconquérir le terrain perdu dans un pays encore vierge et l’offensive diplomatique de Paris est annonciatrice d’une lutte âpre entre les deux puissances. Cela veut-il dire que la France tente de séduire le plus Alger, en promouvant des relations saines et concrètes d’intérêts communs, afin que l’avantage insigne lui revienne ?

La bataille d’influence économique franco-américaine est désormais une réalité perceptible, la France, surtout, ne compte pas se laisser dépasser à droite, et actionne la machine diplomatique pour s’accaparer la part du lion dans le marché algérien.

Le dilettantisme emprunte souvent les décisions des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics algériens semblent ignorer une règle d’or : la politique n’a rien à voir avec le fait d’avoir raison. Ils ignorent surtout qu’en politique, il importe d’avoir de la clairvoyance et une lecture à long terme, de là à tirer profit des situations qui peuvent profiter au pays. Ainsi, au lieu de surfer sur l’avantage qu’offrait la bataille d’influence, nos gouverneurs se sont croupis sous les pressions américaines et se sont attelés dans le sentier de l’abrogation de certaines dispositions qui étaient en vigueur, dont celle relative à l’exigence de bilans excédentaires en devises, pour les investisseurs étrangers, de sorte à encourager les partenariats devant concourir à la réduction des importations, celle soumettant les investissements étrangers réalisés avant 2009, à la règle de la majorité nationale (51/49%), en cas de changement du registre de commerce et enfin, l’abrogation de l’obligation de financement local de l’apport de l’investisseur étranger.

Zacharie S Loutari