Les attentats du 13 novembre devaient toucher plusieurs pays européens et d’autres sites en France, selon la chaîne américaine. Les milliers de documents auxquels elle a eu accès évoquent également un probable complice d’Abaaoud actuellement détenu en Autriche.
Plusieurs pays européens auraient dû connaître un 13 novembre 2015 aussi tragique que celui de la France. C’est ce que révèle l’enquête de la chaîne américaine CNN qui a eu accès à des centaines de documents (comptes-rendus d’interrogatoires, photos, notes) auprès de sources proches de l’enquête sur les attentats de Paris. Selon ces documents, le groupe Etat islamique (EI) planifiait une opération bien plus vaste ce jour-là, devant toucher d’autres lieux en France et d’autres pays en Europe. Selon les interrogatoires menés par les enquêteurs européens, l’EI ciblait également les Pays-Bas et le Royaume-Uni. En France, un supermarché et une zone commerciale étaient visés.
Les 90.000 pages de l’enquête révèlent aussi des éléments de la communication au sein de Daech. Parmi eux, l’utilisation importante des réseaux sociaux ou d’applications comme Viber, WhatsApp ou encore Telegram. Le langage crypté sur cette dernière reste la principale frustration pour les services de sécurité européens, selon un agent anti-terroriste cité par CNN. Il permet aux responsables de l’EI de garder un certain avantage en Europe. CNN explique que les djihadistes reçoivent des pseudonymes lors de leurs «missions», et juste assez d’informations et d’argent pour leur permettre de passer chaque étape de leur voyage. Autre point révélé par la chaîne américaine, les terroristes échangent constamment entre eux des conseils logistiques comme la questions de donner ou non leurs vrais noms aux frontières ou encore les meilleurs moyens de les passer illégalement.
«Pour faire quelque chose de bien pour Dieu»
Le contenu des documents dévoilés par CNN révèle aussi des informations concernant le rôle d’un «quatrième commando» qui n’aurait pas réussi à atteindre la France. Retardés en Grèce en prenant la route des réfugiés, un Algérien identifié comme Adel Haddadi et son complice pakistanais Muhammad Usman sont arrivés en Autriche le lendemain des attaques de Paris, le 14 novembre. Les documents montrent comment l’EI a soutenu le voyage de ces deux hommes depuis la Syrie jusqu’en Europe.
Six semaines avant, ils avaient quitté Raqqa en compagnie de Ahmad al-Mohammad et Mohamad al-Mahmod, deux des kamikazes du Stade de France. L’équipe a traversé la frontière syrienne vers la Turquie début octobre et pris la direction des côtes turques. D’après CNN, les quatre hommes ne connaissaient pas leurs véritables noms et le but précis de leurs missions. Adel Haddadi savait tout juste qu’il devait se rendre en France «pour faire quelque chose de bien pour Dieu» précisent les documents.
L’opération était coordonnée depuis la Syrie par un homme, Abu Ahmad. C’est lui qui aurait recruté, financé et entraîné l’équipe. Les documents racontent que les quatre terroristes se sont fait passer pour des réfugiés pour atteindre la Grèce. Selon CNN, c’est à ce moment-là que Haddadi et Usman sont arrêtés par les autorités grecques qui découvrent leur faux passeport syrien. Le 14 novembre, le duo arrive à Salzbourg en Autriche. Selon les documents de CNN, ils attendaient l’arrivée d’un troisième homme pour prendre le train pour Paris. Ce troisième homme, c’est Abid Tabaouni, un djihadiste arrêté en juillet dernier à Bruxelles. Inconnu, il serait selon les enquêteurs lié à la cellule de l’attaque du 13 novembre. La preuve? Le numéro d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des responsables de l’attentat de Paris, était enregistré dans son téléphone ainsi qu’une photo de combattants devant un drapeau de l’Etat islamique. Abid Tabaouni est, depuis, empriconné en Autriche.