L’impact des technologies du numérique s’étend à la voix humaine qui intéresse désormais les professionnels de la sécurité. Interpol, le plus grand réseau de police au monde, utilisera prochainement une technologie de reconnaissance de locuteurs très performante afin d’assister les services de l’application de la loi à reconnaître la voix d’inconnus, impliqués dans des actes criminels. Les données vocales collectées proviendraient d’écoutes téléphoniques légales ou d’enregistrements effectués sur les réseaux sociaux. Ainsi, les énormes progrès dans l’identification des propriétés acoustiques du signal de la parole provenant d’appels téléphoniques ouvrent la voie à l’utilisation des données vocales dans les tribunaux et l’utilisation de la reconnaissance de la parole comme outil d’enquête par les services de sécurité. Si on interroge l’Histoire, on pourra bien montrer l’impact stratégique de cette performance technologique. En effet, les historiens racontent comment des agents du FBI ont réussi à enregistrer, pendant la guerre froide, un appel téléphonique dans lequel un homme arrangeait une réunion secrète à l’ambassade soviétique à Washington. Mais, le jour de ce rendez-vous, les agents étaient dans l’impossibilité d’arrêter l’homme qui entrait dans l’ambassade. Ils ne disposaient pas de cette technologie pour mettre un nom sur une voix et faire correspondre une «identité vocale» à une «identité traditionnelle».
La technologie de reconnaissance du locuteur a atteint donc un niveau de performance tel qu’elle peut permettre aux services de sécurité de rajouter à leurs fichiers de repris de justice un nouveau paramètre stratégique, celui de «l’empreinte vocale». Grâce aux nouvelles technologies vocales, les enquêteurs de police vont impérativement changer de mode opératoire dans leurs enquêtes et opter pour de nouvelles façons d’investigation. Dans un proche avenir, ces enquêteurs auront la capacité d’identifier automatiquement, non seulement le locuteur dans une interception vocale, mais aussi sa langue, son sexe, son historique de positions GPS et son dialecte. L’idée d’une «identité vocale» se met alors en place pour devenir partie intégrante des différentes mesures de sécurité.
Les opérateurs des télécommunications seront ainsi dans l’obligation juridique de conserver les communications vocales de leurs abonnés. Ainsi, la voix humaine est en train de devenir un outil indispensable dans les enquêtes judiciaires.
F. F.