Parti des travailleurs : Louisa Hanoune n’accorde aucun crédit à l’appel au dialogue du chef de l’état-major

Parti des travailleurs : Louisa Hanoune n’accorde aucun crédit à l’appel au dialogue du chef de l’état-major

Fayçal Djoudi

Louisa Hanoune a estimé, hier, que le système est toujours en place en dépit des bouleversements provoqués par le mouvement populaire depuis son irruption le 22 février dernier. «Le système est toujours en place et, pour sa sauvegarde, il implique l’Armée», a-t-elle dénoncé à l’occasion d’une conférence de presse qu’elle a animée au siège de son parti. Réagissant au dernier appel du chef de l’état-major de l’ANP pour «un dialogue constructif avec l’ensemble des institutions», elle l’a qualifié de «manœuvre de l’ancien système». Poursuivant son intervention, elle a soutenu que «l’appel au dialogue lancé par Ahmed Gaïd Salah, lors de sa dernière intervention, n’est pas la solution et rappelle ce qu’a fait le général égyptien Sissi, en 2013, après la chute du Président Morsi».

Elle a expliqué qu’après l’arrivée de Sissi et de l’armée au pouvoir en Egypte, «il a interpellé même les naïfs parmi les militants et membres de partis politiques qui l’ont soutenu et qui croyaient que l’armée allait instaurer une véritable démocratie, rendre la parole au peuple égyptien et respecter sa souveraineté». Raison pour elle de fustiger aussi bien celui qui a appelé au dialogue que ceux qui l’accueillent favorablement. «Ceux qui suggèrent le dialogue ou trouvent positif l’appel au dialogue avec l’ANP savent-ils que cela prépare à une situation à la soudanaise ou tout au moins à l’égyptienne avec leurs conséquences terribles sur la souveraineté nationale ?», s’est interrogée Hanoune, pour qui «l’Algérie n’est pas l’Egypte, ni dans son passé, ni dans son présent».

Estimant que l’écrasante majorité des Algériens «n’est pas dupe et que le 22 février marque le début d’une véritable révolution», la conférencière avertit quant à la nécessité de «retenir les leçons du Soudan et l’Egypte». Evoquant la participation efficiente des jeunes Algériens à toutes les marches depuis le 22 février, la même responsable a affirmé que le slogan «dégage» scandé par ces derniers se veut «un ancrage de la souveraineté populaire et des droits élémentaires et l’édification d’une véritable démocratie». Sur un autre registre, la secrétaire générale du PT a évoqué la série d’arrestations d’hommes d’affaires, outre la convocation de plusieurs responsables politiques et le limogeage d’autres dans le cadre de la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics, relevant que «la nature de la justice est toujours la même, car agissant au sein du même système politique et que seule la décision a changé».

Elle a estimé que l’arrestation d’Issad Rebrab suscite moult interrogations. «Sans interférer dans les affaires de la justice, nous constatons dans cette escalade que l’arrestation d’Issad Rebrab soulève moult interrogations, car cet homme d’affaires a été victime de pratiques discriminatoires et d’ostracisme en violation des lois de la République», a-t-elle dit. Louisa Hanoune, qui a réitéré son engagement en faveur de la lutte contre la prédation et la corruption, considère, en revanche, que le timing, le choix des cibles et le silence de l’appareil judicaire, ainsi que le chef d’état-major durant plusieurs années font suspecter que ces arrestations ont «des objectifs inavoués». Pour elle, «c’est une justice de rendement», s’étonnant « du réveil par enchantement de l’appareil judiciaire».

Poursuivant son intervention, Louisa Hanoune a dénoncé également «les mouches électroniques» qui, selon elle, «émanent des marécages du pouvoir» et sont utilisées pour «dénigrer» sur les réseaux sociaux «tous les partis politiques ou personnalités nationales qui veulent un véritable départ du système». Elle ne manquera de défendre l’ex-patron des renseignements, le général Toufik, en disant que «ce dernier est présenté comme un épouvantail qui est derrière toutes les dérives et manœuvres», avant d’ajouter que «personne ne peut prétendre être parfait en commençant par le chef de l’état-major Ahmed Gaïd Salah». Par ailleurs, elle dira que «le limogeage de Toufik, en 2015, était le résultat de son refus à un quatrième mandat du président Bouteflika».