Participation algérienne au Mondial 2010 : Un goût d’inachevé

Participation algérienne au Mondial 2010 : Un goût d’inachevé

L’élimination est, certes, cruelle, elle fait mal comme l’ont reconnu amèrement l’ensemble des joueurs, mais n’enlève en rien au mérite de l’équipe algérienne qui sort grandie de cette compétition qu’elle a retrouvée après plus de 24 ans d’absence.

Les hommes de Rabah Saâdane ont tout donné, joué avec le cœur pour créer l’exploit et donner du bonheur au peuple algérien. Et, comme ils l’avaient, superbement, fait contre l’Egypte auparavant, ils se sont encore une fois battus et ont bousculé à plusieurs reprises des équipes solides à l’image de l’Angleterre et les USA, prises souvent à défaut par les incursions algériennes.

Durant ce tournoi assez relevé, les Verts, en dépit de cette élimination, ont été à la hauteur de l’évènement en développant du beau football et donné une très bonne image du football national. S’il y a quelques regrets à nourrir, c’est surtout, comme l’ont indiqué les coéquipiers de Karim Ziani, lors du match contre la Slovénie où les Verts n’ont jamais mérité de perdre.

Nombreux sont les techniciens et observateurs qui reconnaissent que l’équipe nationale a été loin d’être ridicule au cours de cette compétition, et qu’au contraire elle a rivalisé avec les très grandes équipes, en bousculant une hiérarchie faussement établie. Elle a montré que l’Algérie possède, dans sa jeunesse, un potentiel de qualité et qu’il faudra compter avec elle à l’avenir.

C’est cet acquis qu’il est indispensable de maintenir et d’améliorer dans le futur car l’équipe, de par la qualité et la jeunesse de son effectif, et en dépit de cette expérience malheureuse, peut encore valoir à l’Algérie de grands moments de joie et de bonheur, pour peu que la dynamique dans le travail enclenchée depuis deux années par les responsables du football national soit pérennisée.

Raïs Ouahab M’Bolhi, la révélation

La participation de l’équipe algérienne au Mondial sud-africain a été marquée par la révélation d’un gardien de but de niveau international, Raïs Ouahab M’Bolhi (24 ans) en l’occurrence, dont l’entraîneur et les techniciens ne tarissent pas d’éloges à son égard.  » Nous avons gagné un grand gardien de but », ne cessait de clamer l’entraîneur national Rabah Saâdane qui voit ainsi en M’Bolhi le gardien titulaire numéro un des Verts.

Les joueurs de l’équipe nationale, à l’exemple de Karim Ziani, tiennent aussi le même discours en affirmant que « désormais, l’équipe nationale peut s’enorgueillir de disposer d’un keeper de cette trempe ». La blessure de Chaouchi, après le match perdu contre la Slovénie, a amené Saâdane à titulariser M’Bolhi.

Pour sa première sélection en match officiel et de surcroît devant l’Angleterre de Rooney et Gerrad, M’Bolhi, du haut de son 1m90, a brillé de mille feux. Il a, à lui seul, découragé les Anglais qui se sont heurtés à un gardien de but qui figurait dans le calepin du manager de Manchester United.

Continuant sur cette lancée, le sociétaire du lointain club de Slavia Sofia (Bulgarie) gagne sa place de titulaire et garde les bois de l’équipe nationale lors du match contre les Etats-Unis d’Amérique. Encore une fois, il aura été décisif dans ses arrêts et confirme ainsi toute la confiance que lui a accordé le staff technique et tout le bien que pensent de lui les techniciens les plus avisés.

L’offensive, le talon d’Achille

Les observateurs, étaient unanimes après la défaite face au Etats-Unis : l’Algérie n’a pas démérité en Afrique du Sud pour son retour sur la scène mondiale 24 ans après le Mondial 1986 mais elle a manqué de talent offensif. L’élimination de l’Algérie dès le premier tour du Mondial sud-africain, a confirmé la stérilité du compartiment offensif des Verts, une des appréhensions de l’entraîneur Saâdane bien avant le début de ce Mondial.

L’Algérie quitte ainsi la coupe du Monde sans avoir inscrit le moindre but, la dernière réalisation de l’équipe nationale remontant au Mondial de Mexico en 1986, à savoir un but sur coup franc de Djamel Zidane contre l’équipe d’Irlande. La stérilité de l’attaque algérienne aura été patente lors du match contre les Etats-Unis d’Amérique. Les protégés de Saâdane auront ainsi fait les frais de leur inefficacité offensive.

Toutefois, l’équipe nationale qui dispose d’un gardien de but d’un niveau mondial, une défense solide et un milieu de terrain imperméable gagnerait à faire preuve d’efficacité en attaque où Djebbour a toujours du mal à s’imposer. Aussi, cette peur de concéder une défaite et l’excès de prudence dans le système de jeu des joueurs algériens expliquent, en partie, ce manque d’efficacité regrettable en attaque, commente-t-on dans les milieux sportifs.

Un avenir

Avec une moyenne d’âge qui ne dépasse pas les 24 ans, d’aucuns estiment que la base est là. En partant d’une idée, communément, admise selon laquelle une équipe se construit à partir de la défense, l’Algérie « possède une bonne base », selon son capitaine Antar Yahia, ce qui le rend « optimiste pour l’avenir ». Effectivement, l’Algérie a tenu le choc face à l’Angleterre de Wayne Rooney et n’a concédé qu’un but, dans le temps additionnel, face à l’enthousiasme américain.

A côté du capitaine Yahia, le roc Madjid Bougherra (Glasgow Rangers) a été très rassurant. Il faut dire que cette Coupe du Monde aura été un très bon test pour cette jeune équipe d’Algérie qui a désormais devant elle une marge de progression intéressante.

Un bon entraîneur et vite !

Rabah Saâdane, un sélectionneur, critiqué, mais qui reste l’homme qui a qualifié l’Algérie à trois Coupes du monde (1982, 1986, 2010), se tâte quant à son avenir. A 64 ans, il est peut-être temps de passer la main. Conscient que « beaucoup de gens souhaitent (son) départ » mais affirmant que « le président (de la Fédération) pourrait (lui) demander de rester », il a réservé sa réponse, donnant toutefois un conseil à son éventuel successeur:  » Sans travail, sans discipline, l’Algérie ne progressera pas ».

Mais, en parlant de discipline, on se demande si vraiment Rabah Saâdane avait compris son sens, car ce qui s’est passé au sein de la sélection, il en est le seul responsable (enfin s’il aurait au moins pris ses responsabilités).  » Nous avons adoré le retour de l’Algérie sur la scène mondiale après 24 ans d’attente, mais le manque de panache de Saâdane nous gâche un peu la fête », expliquait un technicien algérien.

Aujourd’hui, le «vieux sage» de l’EN ne fait pas l’unanimité et selon les indiscrétions son successeur est d’ores et déjà prêt à prendre les destinées de l’EN. On pense à Robert Nouzaret ou Philippe Troussier, même si la piste d’un technicien algérien n’est pas écartée à l’image de Rabah Madjer.

Ces fervents supporters

Les camarades de Karim Ziani étaient certainement surpris de voir autant de supporters algériens en Afrique du Sud. Ils sont venus de partout pour encourager leurs favoris et ont tenu parole.

Il faut dire que le supporter algérien n’est plus à présenter. Il a fait la fête et a planté son décor un peu partout au pays de Mandela. Ces Algériens nous ont permis graver de belles images dans nos mémoires et ont montré au monde entier que la Palestine est bel et bien dans le cœur de chacun de nous. Bravo!

Gharbi M.